Pour se relancer, la French Tech labellise 13 Capitales et 86 Communautés le 03 avril 2019

, dans le réseau de Kat Borlongan

La directrice de la Mission French Tech, Kat Borlongan, a dévoilé ce mercredi 3 avril 2019 au matin les 13 Capitales et les 86 Communautés French Tech labellisées. Le but : déployer localement la nouvelle vision de la French Tech, axée sur le "passage à l’échelle", la tech pour le bien commun ainsi que la mixité et la diversité.

La mission French Tech se dépoussière. Critiqués par de nombreux entrepreneurs, les anciens écosystèmes locaux labellisés French Tech - à savoir les 13 Métropoles françaises et les 22 Hubs internationaux -, ont été enterrés. Ils sont désormais remplacés par 13 Capitales et 86 Communautés, officialisées le 03 avril 2019 matin par Kat Borlongan, directrice de la Mission French Tech, et Cédric O, nouveau secrétaire d’État en charge du numérique, depuis le campus Station F à Paris.

Si un simple changement de nom peut paraître superficiel, il vise à faire le ménage dans les initiatives locales existantes - et dont le fonctionnement est souvent rendu difficile par les luttes de pouvoir entre les différents acteurs -, pour "rendre" le label French Tech aux entrepreneurs. Il s’agissait de l’une des principales revendications de l’écosystème tech.

Replacer les entrepreneurs au cœur de l’initiative

Situées en France, les 13 Capitales French Tech regroupent des écosystèmes locaux autour de : Aix-Marseille ; Bordeaux ; Brest ; Strasbourg ; Paris ; Grenoble-Valence-Annecy ; Lille ; Nantes ; Montpellier ; Lyon-Saint-Etienne ; Rennes-Saint-Malo ; Cannes-Grasse et Toulouse. Leur but est de valoriser localement les scale-up du territoire pour organiser le label autour d’elles.

Capitales French Tech

La Mission French Tech a aussi annoncé le nom des 86 Communautés, dont 38 se situent en France et 48 sont à l’international (dont 16 en Europe, 12 en Asie et le reste étant réparti entre l’Amérique du Nord et du Sud, l’Afrique et le Moyen-Orient). Leur rôle est de permettre le regroupement au niveau local de fondateurs de startups, d’investisseurs et de toutes les parties prenantes de l’écosystème numérique local, aussi bien en France qu’à l’étranger.

Contrairement aux anciens labels, pilotés par des acteurs publics et privés locaux ainsi que par des entrepreneurs, l’idée des Capitales et Communautés est de permettre aux entrepreneurs de reprendre la main sur l’initiative.

« La French Tech a très bien réussi à son lancement car elle était portée par des entrepreneurs. Au début, cela n’intéressait personne. Face au succès grandissant, les politiques se sont emparés du sujet. Par éviction naturelle, et parce que les entrepreneurs doivent aussi s’occuper de leur business, certains boards de French Tech ont été menés par des gens qui n’étaient pas entrepreneurs et n’avaient que ça à faire », estime Cédric O. « Mais la valeur est créée par les entrepreneurs, et le rôle de la puissance publique doit simplement servir à mettre en valeur l’écosystème ».

Ainsi, au moins 75% des membres des boards des Communautés et Capitales devront être « des entrepreneurs (fondateurs ou ex-fondateurs) ou des dirigeants (niveau Comex, VP ou directeur) de startups, et aucun des autres membres ne doit avoir de droit de veto sur les décisions prises collectivement par les entrepreneur(e)s  », souligne le communiqué de presse. Ces nouveaux labels sont décernés pour trois ans et renouvelables.

Enclencher le pivot de la mission French Tech

La mission French Tech a été créée en 2013 par Fleur Pellerin dans un contexte généralisé de "french bashing". Jusqu’ici, elle s’est employée à fédérer les startups tricolores sous la bannière du coq rouge pour promouvoir l’image d’une France innovante dans le monde. Sa réforme annoncée en octobre 2018 s’articule autour de trois priorités : aider les startups à "passer à l’échelle" pour devenir des leaders mondiaux voire des licornes, promouvoir la "tech for good" (l’innovation qui vise à améliorer la société et résoudre les grands défis, notamment environnementaux, du XXIe siècle), et favoriser la diversité et la mixité sociale.

« Lorsque la French Tech s’est créée, l’écosystème n’était pas du tout fédéré et évoquer les startups était encore un phénomène nouveau. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une nouvelle équipe pour une nouvelle mission : faire de la France un des meilleurs pays au monde pour lancer et faire décoller des champions de la tech avec un impact positif  », revendique Kat Borlongan à La Tribune.

Et de poursuivre : « Lorsque j’ai été nommée en mai 2018, j’ai énoncé cette nouvelle vision et on m’a dit que l’écosystème n’était pas prêt. Pourtant, nous avons défini très clairement nos objectifs et le résultat est là : plus de 2.500 entrepreneurs français ont soutenu la création de ces nouveaux labels. »

Mixité et diversité : il y a encore (beaucoup) de boulot

Un nouveau fonds, baptisé French Tech Community Fund, sera lancé d’ici la fin du mois d’avril 2019. Doté de 2 millions d’euros, ce fonds illustre "un changement de culture", selon Kat Borlongan. « Nous allons désormais soutenir des projets concrets avec des résultats attendus, et plus seulement le fonctionnement général de l’écosystème  », souligne la directrice.

« Le fonds n’est pas destiné directement au financement des startups. Il vise à financer des projets à fort impact, qui nous serons proposés localement par les "Communautés" et les "Capitales". Sur la forme, les projets seront très libres : cela peut être des événements, des partenariats, des programmes...  »

Les tickets grimperont entre 20.000 à 100.000 euros pour des projets à réaliser entre septembre 2019 et août 2020. Le fonds est accessible pour tous les nouveaux labellisés, sans aucun quota de répartition géographique.

Alors que la mixité et la diversité ont été annoncées comme des axes forts de la nouvelle mission French Tech, la marge de progression est énorme. Sur les 13 représentants de Capitales présents ce mercredi matin, il y avait douze hommes pour une femme (Sandrine Jullien-Rouquié, à la tête de la "Capitale" toulousaine, NDLR).

« C’est du grand n’importe quoi ! C’est triste car ce n’est pas représentatif des boards en région, où il y a davantage de mixité. Notre rôle est de répéter systématiquement que c’est inacceptable », affirme Kat Borlongan. « Beaucoup de gens s’attendent à ce que la mission French Tech propose des programmes 100% féminins, mais j’y suis fondamentalement opposée. Tous nos programmes sont ouverts aux femmes : la vraie ambition est d’ériger un nouveau standard pour ce que nous estimons acceptable a minima en terme de diversité et de mixité. »

C’est pourquoi elle a annoncé vouloir a minima 35% de personnes de sexe opposé pour les intervenants lors des prochains événements de la mission French Tech. Anecdote qui souligne les changements de mentalité à opérer : si un silence de messe régnait pendant l’allocution du secrétaire d’État Cédric O, Kat Borlongan a dû marquer une pause lors de son discours pour réussir à faire taire son audience.

Publié par Anaïs Cherif le 03/04/2019 dans https://www.latribune.fr/


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