Le high-tech aux petits soins pour la santé

, dans le réseau de Chahra LOUAFI, Christophe Juppin

Faciliter la vie des malades à l’hôpital et leur suivi à domicile. C’est l’objectif de nouveaux outils connectés, alliés d’une médecine plus performante.

Suivez le dauphin dans l’océan, respirez au rythme de ses battements de queue. Ce moment serein vous ferait presque oublier que vous êtes... à l’hôpital, un casque de réalité virtuelle sur les yeux. Conçue par une société belge, l’application Oncomfort a été pensée pour apaiser, avant ou pendant les soins. « La réalité virtuelle trompe l’attente avant un passage au bloc opératoire, résume Jean-Patrick Lajonchère, le directeur de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris (14e), et les applications d’hypnose médicale. par ce biais soulagent des douleurs légères. »

A la pointe de la technologie, l’établissement parisien a ainsi déployé des casques équipés de ce type de solution depuis un an aux urgences et depuis trois mois en oncologie. Les patients en ambulatoire (qui rentrent chez eux le soir-même d’une intervention) sont géolocalisés grâce à des bracelets connectés.

Courant 2019, l’hôpital mettra aussi en place, sur Internet, des espaces sécurisés, où chacun pourra réaliser ses formalités administratives. « Laisser sa place à l’humain est indispensable, reprend Jean- Patrick Lajonchère, mais on vit une époque formidable car plein d’innovations arrivent et les soins n’ont jamais été aussi performants.  »

Le patient de plus en plus autonome

Toutes ces nouveautés vont changer la vie des malades. Déjà installée dans quelques hôpitaux franciliens (Foch, Gustave- Roussy...), la plateforme My Hospi Friends crée un réseau social qui permet aux patients d’échanger.

A Bayonne (Pyrénées- Atlantiques), la clinique Belharra est devenue, en janvier, la première en France à mettre en service 20 tablettes équipées de la solution néerlandaise CareServant, à destination des patients en chimiothérapie et en ambulatoire. Chaque appareil, loué 14 euros par jour, donne accès aux chaînes de télévision, à des films, des journaux, des jeux, de la musique et des programmes de relaxation. Cette solution délivre aussi des informations sur la santé, le parcours patient, l’établissement. Un logiciel de « chat » permet à un patient au bloc d’être en contact avec son accompagnant resté hors de la salle d’opération.

Mais CareServant est développé pour offrir encore plus de fonctions à l’avenir. « Avec sa tablette, le patient pourra consulter directement son dossier médical, ouvrir ou fermer les stores, interagir avec le personnel  », assure Moïse Gerson, représentant de CareServant en France. Les établissements qui adopteraient ce système pourraient également, via la tablette, enregistrer le menu de vos repas, vous demander si vous avez bien pris votre médicament, ou vous proposer de réserver un coiffeur ou un taxi...

Mais c’est surtout à domicile que les choses vont évoluer. « La tendance est à la réduction du temps de séjour pour éviter les maladies nosocomiales, baisser les coûts, mais aussi parce que les études montrent qu’on guérit mieux chez soi  », rappelle Denise Silber, fondatrice de Basil Strategies, société de conseil en santé digitale. Les applis et les objets connectés permettront le suivi du patient sur la durée, même en cas de cancer ou de maladie chronique, comme le diabète.

Une petite révolution, estime Chahra Louafi, directrice du fonds Patient autonome, appartenant à Bpifrance, destiné à financer les start-up de la santé connectée : « Le digital permet une meilleure surveillance pour s’assurer que le patient prend son médicament et vérifier l’efficacité de celui-ci. » Exemple avec l’application MoovCare, qui s’adresse aux personnes soignées pour un cancer du poumon. L’appli demande à ces dernières de remplir chaque semaine un questionnaire sur les symptômes et alerte, au besoin, une équipe soignante.

Un tee-shirt qui prévient le médecin

Côté objets, la société allemande Biotronik suit déjà à distance 30 000 personnes en France équipées de l’un de ses stimulateurs ou défibrillateurs cardiaques connectés. Ce système automatique vérifie le bon fonctionnement de la prothèse et prévient en cas de problème. La start-up parisienne Chronolife lancera, cette année, un tee-shirt connecté qui surveille vos constantes (température, respiration, présence d’eau dans les poumons...) et, en cas de dégradation de votre état, alerte le médecin.

Quant à Diabeloop, start-up de Grenoble, elle travaille à la mise sur le marché de pompes à insuline connectées pour les adultes et enfants souffrants d’un diabète de type 1. Un capteur vérifie régulièrement la glycémie du porteur (son niveau de sucre dans le sang), ce qui permet à la pompe d’injecter la bonne dose d’insuline. De quoi changer la vie de milliers de personnes.

Des pansements connectés

Les fabricants français Urgo et britannique Smith & Nephew préparent leurs pansements connectés. Ils pourront par exemple mesurer la température de la plaie afin de détecter le risque d’infection, ou encore son taux d’humidité. Les informations atterriront sur le smartphone du patient, voire celui du soignant. Urgo a a aussi développé la gamme UrgoStart, qui maintient la plaie en milieu humide, propice à la cicatrisation. Une solution adaptée aux plaies de type ulcères, escarres, plaies du pied diabétique, etc.

Publié par Benjamin Jérôme le 12 février 2019, dans www.leparisien.fr


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