Laurence Bottero de La Tribune - Pour la première fois, vous êtes présente dans le Sud et avez rencontré certaines jeunes pousses. Quelle vision avez-vous de l’écosystème local ?
Kat Borlogan - Je salue le très bon travail de la French Tech dans le Sud. Et le regard bienveillant de la Région. Ceci n’est pas un détail. La Région est très proactive et facilite l’expérimentation de certains projets. Ça doit être ça, le rôle d’une Région. En terme d’attractivité, le Sud doit jouer à fond la carte de la Riviera. Aujourd’hui certains talents quittent la Silicon Valley ou Londres pour Bali ou le Portugal. Il faut savoir les séduire, leur proposer une certaine qualité de vie. La Riviera est un pur produit marketing sur lequel il faut capitaliser. Ce n’est pas une question de BtoB ou de BtoC. Il ne faut pas oublier que c’est l’humain qui prend des décisions...
Le French Tech 120, révélé il y a une semaine, réunit des entreprises que l’on peut davantage considérer comme des PME plutôt que des startups. Pourquoi ?
Tout d’abord le French Tech 120 n’est pas un classement. Ce que l’on oublie c’est l’objectif. Il faut pousser davantage de champions. On ne se pose pas la question pour Netflix ou Google. Ce qui compte dans le back office du programme French Tech 120 c’est le rôle du correspondant French Tech, présent au sein de l’administration. L’administration a très peu de retour des startups avec lesquelles elle a pu avoir affaire sur certaines problématiques. Il y a aussi une démarche de transformation (de l’administration NDLR). C’est un peu l’apprentissage par le choc. 50 correspondants cela constitue une communauté et l’administration va utiliser cela comme un laboratoire.
Vous évoquiez dans une précédente interview à La Tribune, la crise des talents. C’est cela le vrai défi ?
Cette crise des talents est liée au degré de maturité des startups. Elles ont besoin d’expériences pour accompagner leur croissance. Elles ont besoin de profils qu’il faut parfois aller chercher à l’étranger. Se pose aussi la question des métiers qui évoluent, qui changeront encore demain. Il est aussi question de sales, de customer success, de customer maker... Il y a également beaucoup d’auto-censure au sein des talents. Certains se disent que la tech, les startups, ce n’est pas pour eux...
Vous participez au salon IPEM qui est dédié aux fonds d’investissement. Existe-t-il aussi une crise du financement ?
Le problème est moins une question de financement que d’accompagnement. Lorsqu’une startup choisit, entre un investisseur français et un investisseur américain, l’investisseur américain, c’est qu’elle cherche aussi une expertise, un réseau...
Le coq rouge continue, semble-t-il, de posséder un pouvoir d’attractivité...
Le plus important, notamment à l’étranger, c’est de mettre en avant la France plutôt que le coq. Le coq est utile pour rallier, pour fédérer. C’est le symbole d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. La valeur du Next40 ou du French Tech 120 c’est la capacité de ceux qui les composent à se mettre ensemble et à créer une marque. On parle beaucoup de French Tech 120 mais ma préoccupation c’est French Tech Central. Tout ce qui est démocratisé, testé autour du French Tech 120 et qui fonctionne va être déployé avec French Tech Central. Quand on parle d’attractivité, on parle souvent création de startups. Mais il faut aussi être capable d’attirer sur son territoire le 2ème ou 3ème bureau d’une startup née ailleurs, voire même à l’étranger.
La French Tech peut elle, à terme, devenir un mouvement totalement indépendant ?
J’espère au contraire que l’Etat va continuer. La formation, l’immigration, les visas... tout cela c’est l’Etat. Nous devons être proactif sur les problématiques réglementaires - comme la 5G - pour permettre aux startups de ne pas perdre de temps. Les startups, c’est aussi notre team. C’est un travail collaboratif. Ce qui compte c’est que la France est un leadership d’opinion, que les entreprises soient entendues.
Publié par Laurence Bottero le 28 janvier 2020 dans https://marseille.latribune.fr
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