Créée en janvier 2018, la start-up est issue de la rencontre de Gaspard d’Assignies, radiologue, Florence Moreau, ingénieure passée par General Electric (GE), et Antoine Jomier, ex-dirigeant de GE Healthcare. Elle compte aujourd’hui 17 salariés.
"Quand nous avons vu émerger cette technologie d’IA, nous nous sommes dit qu’il y avait des choses à faire dans l’imagerie médicale. Nous avons vu ce qui se faisait en Israël et aux Etats-Unis et à chaque fois, aucun projet ne se faisait avec les équipes médicales. Nous avons choisi de construire ces outils avec les professionnels de santé", a expliqué Antoine Jomier.
"Nous visons l’hybridation entre data scientists, ingénieurs et médecins." Pour cela, Incepto développe une plateforme qui propose de créer, "avec les médecins", de nouvelles applications dotées d’IA adaptées à leurs besoins spécifiques dans le domaine de l’imagerie médicale.
"Les radiologues se posent beaucoup de questions sur l’IA et la fiabilité scientifique de certaines technologies. Alors nous leur proposons de valider ces applications et nous les aidons à les distribuer, à préparer le marché pour favoriser les usages", a précisé le cofondateur de la société.
Trois applications "cocréées"
"Nous travaillons actuellement sur trois projets. Le premier concerne une application pour détecter, diagnostiquer et suivre l’anévrisme de l’aorte avec une équipe de chirurgiens de l’hôpital Marie-Lannelongue (Le Plessis-Robinson, Hauts-de-Seine), dirigée par les Pr Stephan Haulon et Dominique Fabre," a indiqué Antoine Jomier.
"L’application doit permettre de calculer des volumes aortiques précis pour déterminer quand il faut poser une endoprothèse aortique", a-t-il ajouté.
Le deuxième projet est mené avec les radiologues de l’hôpital Saint-Joseph (Paris), sous la houlette du Dr Marc Zins. "C’est un projet autour de l’occlusion intestinale, qui est une pathologie difficile à diagnostiquer. L’idée est de pouvoir déterminer s’il faut opérer ou non le patient", a expliqué le dirigeant de la jeune pousse.
Une cohorte de données anonymisées fournies par les équipes de Saint-Joseph permettent à l’IA de s’entraîner sur des images de scanners pour ainsi déceler les signes caractéristiques de l’occlusion intestinale et aider à diagnostiquer la pathologie.
Le troisième projet porté par Incepto via sa plateforme de cocréation concerne, lui, les IRM du genou -"la pathologie du sportif". Avec le groupe d’imagerie suisse 3R et les docteurs Brat et Rizk, la start-up travaille à la constitution d’un important jeu de données pour "déterminer s’il y a une lésion et quantifier la sévérité de la lésion", a déclaré Antoine Jomier.
Le patron de la jeune société espère "développer jusqu’à 10 applications par an".
Une activité de distributeur
Outre le développement d’applications en cocréation, Incepto distribue "des solutions qui existent déjà et qui ont été validées".
"Nous souhaitons devenir un gros fournisseur de contenus en imagerie médicale, au niveau européen. Nous avons un rôle de producteur de solutions mais aussi de distributeur. En sommes, nous voulons devenir le Netflix de l’imagerie médicale", a illustré Antoine Jomier.
Incepto distribue déjà plusieurs services.
L’un d’entre eux concerne le dépistage du cancer du sein. Il s’agit de l’application développée par la société néerlandaise ScreenPoint, qui permet, grâce à un algorithme d’IA, de lire une série de mammographies et de les scorer selon le risque de développer un cancer.
"Ces scores, entre 1 et 10, permettent de cerner l’urgence de la pathologie et de passer plus de temps sur les cas complexes. L’idée du logiciel est faire gagner du temps au radiologue", a détaillé le cofondateur d’Incepto.
Autre solution mise sur le marché tricolore par Incepto : un logiciel de l’entreprise indienne Cure.ai doté d’IA et qui permet de "lire et analyser des radios thoraciques standards pour faire gagner du temps aux équipes médicales".
Une troisième application embarquant l’IA et destinée au secteur de l’imagerie médicale est distribuée par Incepto. Celle-ci concerne la sclérose en plaques (SEP) et la démence et est développée par la société belge Icometrix.
"Un algorithme analyse les volumes cérébraux et les compare dans le temps pour identifier un schéma de démence ou le développement de la SEP et bloquer l’apparition de nouvelles lésions", a détaillé le cofondateur d’Incepto.
"Nous sommes à l’aube de la vraie transformation digitale du système de santé : les outils que nous distribuons ou cocréons sont faciles à intégrer et à interopérer avec les systèmes d’information. Notre job, c’est d’amener nos innovations dans les outils existants", a-t-il plaidé.
Un modèle basé sur l’abonnement
Après avoir levé 1 million d’euros en 2018, la start-up installée à Station F (XIIIe arrondissement de Paris) a dessiné son modèle économique et a choisi de privilégier l’abonnement.
"Nous proposons aux services d’imagerie privés ou publics un abonnements par type d’acquisition (scanner, IRM, radio) qui donne accès à un nombre de cas et qui est calibré selon l’acte clinique", a expliqué Antoine Jomier. L’abonnement peut ainsi varier entre 500 et 3.000 euros par mois.
"C’est un modèle économique digital, nous espérons diffuser largement ces outils et en faire bénéficier, au plus vite, un maximum de patients. Ces outils doivent amener de la valeur aux équipes médicales et le prix doit rester presque neutre par rapport à la valeur générée par l’outil."
Une autre levée de fonds est prévue "en avril-mai 2019" pour permettre à la jeune pousse de poursuivre ses développements.
Lauréate du concours mondial d’innovation (Bpifrance), la start-up n’a qu’un seul "vrai projet", selon son patron : conquérir l’Europe. "Nous ne visons pas le marché américain ou chinois. Notre projet consiste à devenir la plateforme de cocréation européenne", a conclu Antoine Jomier.
Wassinia Zirar
Publié par Wassinia Zirar le 14 février 2019 dans [https://www.ticsante.com
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