Deinove : La biotech Deinove va commercialiser un actif anti-âge grâce à une bactérie issue d’un volcan

, dans le réseau de Elodie Royer

(BFM Bourse) - Le groupe Deinove a confirmé viser avant la fin de l’année de premières ventes de phytoène. Son partenaire Solvay a présenté à un parterre d’industriels de la cosmétique les propriétés anti-âge de cet actif produit à partir d’une bactérie qui n’existe que dans des conditions extrêmes.

Du Piton de la Fournaise, le volcan en pleine activité de l’Ile de la Réunion, aux rayons cosmétiques des grands magasins du monde entier : c’est l’étonnant parcours que pourrait connaître le phytoène, un actif anti-âge développé par Deinove. La biotech tricolore, qui développe des ingrédients actifs biosourcés pour les marchés de la cosmétique et de la nutrition, confirme viser en 2019 de premières ventes au niveau mondial pour ce produit, en s’appuyant sur les capacités de son partenaire Solvay.

L’action Deinove profite de ces perspectives en gagnant 7,99% 1,21 euro lundi 13 mai 2019 vers 16h00, complètement à contre-courant du reste du marché parisien.

Le groupe franco-belge Solvay (issu du rachat de Rhodia par Solvay), qui n’est autre que le numéro 1 mondial du marché des ingrédients de spécialité dédiés aux applications hygiène et beauté, a présenté la semaine dernière au congrès annuel de la New York Society of Cosmetic Chemists (NYSCC) le mécanisme du phytoène permettant la régénération cellulaire de la peau. Selon les études scientifiques présentées à cette occasion aux principaux industriels du secteur, le phytoène permet de stimuler la production de laminine, qui est avec le collagène l’un des principaux composants de la couche de jonction entre le derme et l’épiderme (appelée la lame basale).

La laminine contribue notamment au maintien de la structure cellulaire, à la communication entre derme et épiderme et à la libération de substances réparatrices. "Les études approfondies que nous avons menées démontrent que le phytoène agit au niveau cellulaire, en complément du collagène, pour favoriser la régénération cellulaire et donc l’action anti-âge. Il s’agit d’un mécanisme d’action novateur et d’un intérêt évident pour l’industrie cosmétique", a souligné Coralie Martin, responsable marketing de Deinove.

Une bactérie découverte par hasard en 1956

En termes commerciaux, le principe actif est actuellement à l’essai chez plusieurs dizaines de clients de Rhodia et les premières ventes sont attendues d’ici la fin de l’année. Les partenaires estiment qu’à terme le phytoène pourrait représenter des ventes de plusieurs tonnes, soit plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires.

Deinove rappelle que les cellules de la peau tout comme les végétaux dépendent du phytoène pour assurer leur protection face au stress oxydatif. Mais à l’inverse des végétaux, la peau n’est pas capable de synthétiser la substance, qui doit donc un peu comme les vitamines être apportée par l’alimentation ou par onguent. Or, il n’existait jusqu’à présent aucun moyen d’extraire du phythoène pur à partir des végétaux. C’est en allant chercher au coeur du volcan réunionnais que Deinove a réussi à maîtriser la voie métabolique d’une bactérie découverte par hasard en 1956, la Deinococcus geothermalis, qui s’avère capable de synthétiser le phytoène.

L’entreprise indique qu’après le phytoène, elle compte développer d’ici 2020 un portefeuille de plusieurs souches de micro-organismes rares, comme Deinococcus aquaticus (prélevée en Bretagne), Sphingomonas (un autre anti-oxydant, qui fait l’objet d’un accord avec Greentech) ou Microbacterium arborescens.

3.500 souches de différents genres bactériens rares

Si Deinove a fondé son approche scientifique sur la connaissance et la valorisation des potentialités génétiques et métaboliques des bactéries déinocoques -présentes sur Terre depuis 3,5 milliards d’années, ce qui en fait l’un des plus anciens êtres vivants- qui n’avaient encore jamais fait l’objet d’une valorisation. Deinococcus est notamment connue pour son mécanisme de réparation de l’ADN particulièrement performant, capable de se régénérer totalement en quelques heures seulement. Mais la souchothèque de l’entreprise compte 3.500 souches de différents genres bactériens rares. Rappelons que si 10.000 espèces de bactéries sont aujourd’hui connues, les scientifiques estiment probable qu’il en existe plusieurs millions, ayant développé un métabolisme très spécifique à leur milieu naturel (conditions spécifiques de température, d’acidité, d’oxygénation, de radiations...) qu’il est très difficile de reproduire.

Outre le marché des ingrédients d’origine naturelle, Deinove vise à exploiter les propriétés des bactéries rares pour développer, notamment au travers de partenariats avec bioMérieux et Naicons, de nouveau traitements antibiotiques. Le premier candidat, identifié DNV3837, visant la lutte contre une infection nosocomiale qui se développe de façon préoccupante (infections à Colstridium difficile) doit entrer en phase intermédiaire (2) d’essais cliniques à la mi-2019.

Guillaume Bayre - ©2019 BFM Bourse

Publié par Guillaume Bayre le lundi 13 mai 2019 dans https://www.tradingsat.com


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