Covid 19 : la PME alsacienne Barral pousse les pouvoirs publics à acheter des masques français Il faut que les fonctionnaires en charge de la commande publique osent mettre une limite à 50 % de produits étrangers.

, dans le réseau de Guillaume Facchi, Guillaume Hert

Dominé par les producteurs asiatiques, le marché du masque anti-Covid est en chute. Pour résister dans cet environnement difficile, l’entreprise alsacienne Barral mise sur l’automatisation de la production et se réoriente vers le secteur de la santé. Elle demande aussi que les collectivités territoriales et l’Etat limitent les achats de masques asiatiques à 50% de leurs besoins.


Né pendant la première vague de l’épidémie de Covid, en avril 2020, le fabricant alsacien de masques grand public Barral a connu un démarrage d’activité en mode start-up. 14 millions de masques ont été fabriqués à Rouffach (Haut-Rhin) dans ses installations industrielles aménagées à la hâte avec le concours de l’équipementier automobile Mahle-Behr.

Les masques ont été vendus en huit mois. Lavables car fabriqués en tissu, ils présentaient toutefois un prix de vente élitiste (2,74 euros l’unité). Mais le marché était demandeur en 2020 et le chiffre d’affaires s’est établi à 14 millions d’euros, pour un résultat bénéficiaire.

Début 2021, il a fallu revoir le modèle économique de Barral, basé précédemment sur la commande publique.

"La grande distribution ne vend plus que des masques jetables. Nous n’avons pas les moyens de répondre à la demande face à des Chinois qui ont fait chuter les prix unitaires à 3 centimes", a constaté Benoît Basier, président de Barral.

Chef de file d’un groupement de six entrepreneurs locaux, précédemment affiliés ou proches du pôle de compétences du textile alsacien, il avait levé le capital initial de Barral (200.000 euros) en trois semaines au printemps 2020. Mais depuis, les ventes de masques grand public, très liées aux périodes de confinement, ont rapidement chuté en France. Selon l’institut d’études de consommation NielsenIQ, les ventes dans les hypermarchés et supermarchés en France se sont élevées à 86,6 millions d’euros au cours des trois premiers trimestres de l’année 2021, contre 323,9 millions d’euros sur la même période en 2020. Soit une chute en valeur de 73 %.

"Nous devons pérenniser notre entreprise et pour cela, nous nous orientons vers le secteur de la santé", annonce Benoît Basier.

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Interview de Philippe Chican, directeur commercial de Barral, Benoît Basier , Président Pôle Textile Alsace et dirigeant de la Corderie Meyer-Sansboeuf et Jean-Louis Stanger Gérant de Final Advanced Materials le 08 juillet 2019.
https://www.youtube.com/watch?v=eOReTrVPUgc

Trois nouvelles chaînes de production

Pour lancer la production, en pleine crise sanitaire, une partie de la main-d’œuvre avait été mise à disposition par Mahle-Behr. L’équipementier automobile a également loué une partie de ses locaux (5.000 mètres carrés) et fourni des prestations logistiques. Les effectifs à Rouffach ont atteint 160 personnes, la plupart intérimaires, avant de retomber à 11 salariés permanents fin 2021. Barral a entre-temps suivi la voie de l’automatisation. Afin d’opérer sa conversion, le fabricant a acquis cet été trois nouvelles chaînes de production dédiées aux masques chirurgicaux et aux masques FFP2. L’investissement s’élève à 3,6 millions d’euros. Réalisées par Schlumberger et installées depuis le mois d’octobre 2021 dans l’atelier à Rouffach, ces machines offrent une cadence de production de 170 masques chirurgicaux à la minute. La fabrication de masques grand public en tissu, lavables, sera maintenue avec une gamme de produits renouvelés.

"Nous avons démarré notre activité en 2020 dans un contexte de pénurie complète. L’offre de masques ne parvenait pas à suivre la demande, tant chez les particuliers que chez les professionnels", rappelle Philippe Chican, directeur commercial de Barral. "Cette année, on constate une concordance entre l’offre et la demande mais le marché demeure déséquilibré parce qu’il y a trop d’importations depuis l’Asie", poursuit Charlie Seel, responsable de l’innovation. "Pour être compétitifs, nous n’avons pas d’autre choix que de réduire autant que possible le recours à la main-d’œuvre. Nos machines sont entièrement connectées, depuis l’acquisition de données sur la chaîne de production jusqu’au traçage des expéditions par puce RFID", détaille Charlie Seel.

L’organisation de l’atelier s’inspire, à petite échelle, des principes d’organisation de l’industrie automobile et du standard ISO 9001 : lean management, organisation visuelle du suivi de la qualité, amélioration continue. Pour faciliter son accès au marché médical, l’entreprise veut encore adapter ses méthodes aux exigences de la norme ISO 13485, spécifique aux risques du secteur de la santé et plus sévère en matière de qualité. Barral prévoit une production de 120 millions de masques en 2022, dont 70 % de masques chirurgicaux et 30 % de masques grand public, pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.

L’appui de la filière locale

Après avoir été soutenue par la commande publique en 2020, l’entreprise a perdu en 2021 les commandes des collectivités territoriales et celles de l’Etat, qui a reconstitué ses stocks stratégiques de masques. Barral craint désormais d’être écartée des marchés publics, pour cause de prix. "Il faut que les fonctionnaires en charge de la commande publique osent mettre une limite à 50 % de produits étrangers. Et si les tribunaux administratifs estiment une telle clause illégale, j’attends de nos élus qu’ils défendent ceux qui commandent des produits français", propose Benoît Basier.

"Nous avons l’avantage de ne pas facturer les mêmes frais de transport que les fabricants chinois", ajoute-t-il. Les micro-filaments qui servent à produire le tissu multicolore des masques sont fabriqués par un fournisseur local, chez Freudenberg à Colmar. "L’Alsace concentre 80 % de la production française de textile non-tissé et de microfibres. Nous n’avons aucun mal à accéder à la matière première en circuit court", rappelle Philippe Chican.

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Dès le début du confinement le 17 mars 2020, le Pôle textile Alsace a organisé la production de masques par une trentaine d’entreprises de son réseau. (Photo : ©Pôle textile)

Olivier Mirguet

Publié par Olivier Mirguet le 06 novembre 2021 sur https://www.latribune.fr


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"Nous avons des dizaines de millions de masques en stock, en cas d’urgence de santé publique, pour l’émergence d’un virus ou d’une bactérie. Tout cela est parfaitement géré par les autorités, et si un jour il fallait porter un masque, nous distribuerions le masque, il n’y a absolument aucune raison d’aller en acheter." Agnès Buzyn était l’invité du Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI le dimanche 26 janvier 2020.
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Jean-Marc Jancovici @JMJancovici · 24 mars 2020
Tribune de Gaël Giraud : Dépister et fabriquer des masques, sinon le confinement n’aura servi à rien
Au lieu d’un dépistage systématique, nous, Occidentaux, avons donc adopté une stratégie moyenâgeuse, celle du confinement
https://reporterre.net/Depister-et-fabriquer-des-masques-sinon-le-confinement-n-aura-servi-a-rien
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LeQuotidienduMédecin @leQdM 24 mars 2020
Pénurie de réactifs et d’écouvillons : les biologistes médicaux alertent sur les carences françaises pour le dépistage du #Covid_19fr.
https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/sante-publique/penurie-de-reactifs-et-decouvillons-les-biologistes-medicaux-alertent-sur-les-carences-francaises
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Idriss J. Aberkane @idrissaberkane · 25 mars 2020
Je vais donc le répéter haut et fort : le masque est au Covid-19 ce que le préservatif est au SIDA. Parce que l’état n’avait pas de capotes, il nous a dit que ça ne servait à rien. C’est CRI-MI-NEL !
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CFE-CGC @CFECGC· 22 mars 2020 #COVID19
« Il faut des masques pour tous les soignants, mais aussi pour tous ceux qui sont au contact de la population : les caissières, les policiers,... » Thierry Amouroux @infirmierSNPI /CFE-CGC @BFMTV #ConfinementJour6 #santé #sécurité
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rijks patrick @RijksPatrick · 22 mars 2020
Pour Thierry Amouroux, Président du Syndicat professionnel infirmier SNPI, la pénurie de masques est un « scandale d’Etat »« Agnès Buzyn nous a fait perdre deux mois décisifs » #CoronavirusFrance #buzin @lobs
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Gael Caron @GaelC21· 07 avril 2020
La transmission du #COVID19 se fait en partie de pers à pers via aérosols ou petites gouttelettes créées par la respiration/éternuements/toux. L’imagerie Schlieren permet de visualiser le flux d’air et on constate qu’en portant un masque ce dernier est bloqué. @arnauldmiguet
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BFMTV @BFMTV · 8 mai 2020
Fabrice Lhomme : "Des masques en bon état ont été détruits jusqu’à la fin du mois de mars 2020"
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Laurent SEGNIS #RESTEZPRUDENTS @LaurentSegnis · 21 mai 2020
#Masques Quand Olivier Véran rend hommage à Roselyne Bachelot.
"Oui nous constituerons des stocks d’État (..) la première ministre de la santé à l’avoir fait a été abondamment moquée, et même dans cet hémicycle, je lui rends hommage..."
https://twitter.com/i/status/1263397396635099139
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La Tribune @LaTribune· 06 novembre 2021
Covid 19 : la PME alsacienne Barral pousse les pouvoirs publics à acheter des masques français le 06 novembre 2021

Pour en savoir plus :

- Covid-19 : La France en pénurie de masques : aux origines des décisions d’État
- Covid-19 : Mobilisation du Pôle textile d’Alsace pour produire des masques protecteurs le 17 mars 2020
- Covid-19 : Dépassés par la pandémie de Covid-19, les hôpitaux alsaciens au bord de la rupture le 19 mars 2020
- Covid-19 : Opération "Masques" dans le Grand Est le 21 mars 2020.
- Covid-19 : Textile, chimie, impression 3D… Comment l’économie alsacienne s’adapte à la crise sanitaire le 23 mars 2020
- Covid-19 : la filière textile alsacienne se mobilise pour fabriquer des masques le 24 mars 2020
- Covid-19 : Le gouvernement veut accélérer la production de masques, l’industrie sous pression le 30 mars 2020
- Covid-19 : « Produire en France » : le virage souverainiste de Macron suscite l’ironie des oppositions le 31 mars 2020
- Covid-19 : Emmanuel Macron veut « rebâtir » l’indépendance économique de la France le 31 mars 2020
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- Covid-19 : 770 000 masques commandés pour les Haut-Rhinois le 15 avril 2020
- Covid-19 : l’usine de fabrication de masques Barral voit le jour en Alsace le 4 mai 2020
- Covid 19 : la PME alsacienne Barral pousse les pouvoirs publics à acheter des masques français le 06 novembre 2021