Covid-19 : Vaccin français : Un échec, des questions le 21 janvier 2021.

, dans le réseau de Christophe Juppin

Vaccin français : Un échec, des questions. Pourquoi la France est à la traîne en matière de vaccins ? Est-ce plus qu’un échec scientifique ? Ceux qui innovent font-ils toujours le choix de partir, de quitter le pays ?

Caroline ROUX

L’affaire tombe au plus mal. Sanofi annonce la suppression de 400 postes de chercheurs alors que le Groupe est à la traîne sur les vaccins. Le fleuron français, troisième groupe pharmaceutique mondial, ne promet rien avant l’été 2021. Un coup dur. Alors que l’Europe a commandé 300 millions de doses de vaccins qui manquent cruellement, naturellement. En tout cas, qui pourrait manquer à l’avenir dans la campagne de vaccination, l’affaire a pris un tournant politique.

L’opposition demande désormais des comptes alors que le Groupe bénéficie d’aides publiques. Et certains voient déjà dans cet échec le signe d’un déclassement français et la perte de souveraineté dans le domaine sanitaire. Et la pilule passe encore plus mal quand on découvre que le patron du laboratoire Moderna est français.

Alors pourquoi la France est à la traîne en matière de vaccins ? Est-ce plus qu’un échec scientifique ? Ceux qui innovent font-ils toujours le choix de partir, de quitter le pays ?

Vaccins français ? Un échec et des questions.

C’est le titre de cette émission avec nous pour en parler ce soir : Dominique Seux, vous êtes directeur délégué de la rédaction des Échos. À la une de votre journal aujourd’hui : La véritable facture de la crise pour l’État ? Aurore Gorius, vous êtes journaliste pour le site d’information Les Jours.fr. On peut y retrouver votre dernier article intitulé : Sanofi atrophie la souveraineté sanitaire. Nous y reviendrons longuement ce soir.

Avec nous, Marie-Paule Kieny, vous êtes directrice de recherche à l’INSERM, vous êtes spécialiste en santé publique et vous avez été sous-directrice générale à l’OMS. Enfin, Élie Cohen, vous êtes économiste, directeur de recherche au CNRS. Citons votre livre : Le décrochage industriel, publié chez Fayard.

Bonsoir à tous les quatre. Merci de participer à ce C dans l’air en direct. Je vais mettre les pieds dans le plat avec vous, Elie Cohen, directement pour commencer cette émission. Pourquoi nous n’avons pas de vaccins français ?

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C dans l’air @Cdanslair · 21 janv. 2021
#Vaccin anti-Covid français : "ce qu’il se passe avec #Sanofi c’est le signe d’un échec scientifique, #industriel et #politique". L’analyse d’Elie Cohen.
#COVID19 #Covid_19 #vaccination

Elie COHEN
Je crois qu’on va beaucoup en parler ce soir, mais ce qui se passe actuellement avec Sanofi, c’est le signe d’un triple échec,

- un échec scientifique. Il n’y a pas d’entreprises françaises, start up ou entreprises plus classiques qui soient capables de fournir un vaccin, à la différence de ce qui se passe aussi bien en Allemagne qu’en Angleterre qu’aux États-Unis. Donc, c’est un échec scientifique d’abord.

- C’est ensuite un échec industriel. D’ailleurs Sanofi, qui était l’un des leaders mondiaux de la pharmacie, mais aussi et plus particulièrement des vaccins, Sanofi est cruellement absent en ce moment. Il poursuit deux pistes. On y reviendra tout à l’heure et les deux pistes, pour le moment, n’ont pas abouti. Et il y a même eu dans la gestion industrielle du projet du vaccin Sanofi dont on va parler, des déboires et des échecs qui font penser que la maîtrise industrielle a été un peu perdue.

- Et enfin, c’est un échec politique puisque nous en sommes à faire la queue pour essayer de nous inscrire pour la vaccination. On avait cru qu’en faisant le choix de l’Europe, c’est-à-dire un choix d’une politique commune, d’une commande commune, nous pourrions assurer la vaccination des citoyens européens dans de bonnes conditions. On constate que ce n’est pas le cas, qu’on court après les doses.

Et donc de ce triple point de vue, l’échec est d’autant plus cuisant que Donald Trump, que nous aimons détester par ailleurs, lui a fait un sans-faute en matière de vaccins, puisque il a encouragé des entreprises à se lancer dans la recherche et à préfinancer leur développement. Il a largement pré-acheté les doses, ce qui lui permet aujourd’hui de vacciner massivement. Franchement, pour quelqu’un qu’on aime détester, c’est une prouesse assez étonnante.

Caroline ROUX : Et merci pour la présentation de toutes les problématiques que nous allons aborder ce soir scientifiques, industriels et politiques. Avec vous, Dominique Seux, est-ce qu’on peut faire un point pour les gens qui nous regardent. On parle d’un géant quand on parle de Sanofi et on parle d’un géant français.

Dominique SEUX : C’est un géant français. Plus de 100 000 salariés, une marque connue de tout le monde. J’écoutais juste avant de venir dans ce studio combien il y avait de médicaments, grosso modo vendus par Sanofi. Il y en a plus de 150. Alors il y en a qui sont très connus hydroxychloroquine, Doliprane, Lévothyrox. C’est quelque chose qui concerne la thyroïde et vous avez des dizaines et dizaines de médicaments. Et le vaccin annuel contre la grippe fournit chaque année. 9,48 milliards de chiffre d’affaires + 5,7 %.

Donc, c’est une branche importante. Mais c’est un géant qui, effectivement, comme vient de le dire Élie Cohen, est très fragilisé parce que c’est un échec qui nous frappe, nous. Je ne suis pas certain que les autres Européens ou les Américains se disent : « Sanofi nous ment.  » Vous savez, les Japonais pourraient se dire, se réveiller le matin en se disant : « Il n’y a pas de vaccin japonais, il n’y a pas de vaccin coréen. » Mais c’est vrai que Sanofi est numéro 2 mondial du vaccin.

Caroline ROUX : Pardon, je vous coupe vraiment pour vous interroger, c’est-à-dire, on voit bien que ça nous touche tous. Quand on parle de cette course aux vaccins, il y a le sentiment qu’il y a une excellence française aussi, une greffière de ce fleuron français. Il y a aussi Pasteur, qui n’est pas très loin derrière.

Dominique SEUX : Absolument, il y a Pasteur. Et on a le sentiment, alors je nuancerais peut-être ce que vient de dire Elie Cohen. Mais on a le sentiment qu’il y a une pharmacie française, disons, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 80, remarquables, avec des dizaines de marques, des dizaines d’entreprises, etc. Et ça, c’est un peu affadi. Et d’ailleurs, on va en reparler. Il y en a qui sont exportés. Des chercheurs qui sont exportés en Suisse, aux États-Unis.

Ce qui est très embarrassant pour Sanofi, c’est que ce qui s’est passé sur le vaccin là – et évidemment, les scientifiques qui peuvent en parler mieux – mais c’est presque une erreur d’amateur. C’est-à-dire ? C’est une erreur de dosage dans un réactif qui a été fourni par un sous-traitant. Et on se dit, mais où sont les procédures de contrôle ? Si maintenant on essaye de nuancer ce que vient de dire Elie Cohen, ce sont les autres qui ont été excellents d’abord et qui ont fait un travail qui n’avait jamais été fait en un temps aussi rapide.

Qu’est-ce qui se passe quand on fait ce genre de recherche et quand vous voulez absolument… Allez, je vais prendre une image d’automobile. Quand vous êtes au volant de temps en temps, vous prenez des raccourcis de recherches. Et quand vous prenez des raccourcis, parfois, vous tombez dans un cul-de-sac. Et là, ils sont tombés dans un cul-de-sac. Le problème, c’est qu’ils ont fait une erreur qui donne l’impression d’un amateurisme et par ailleurs, ils ont fait un choix stratégique sur le vaccin qui était on ne mise pas tout sur l’ARN Messager. Ils auraient pu lancer. Ils ont racheté une entreprise dans le domaine. Ils se sont dits : « c’est trop risqué, on va jouer la sécurité  » et c’est là qu’on se dit c’est tellement français ! On joue la sécurité, on prend moins de risques.

Caroline ROUX : Je me souviens même ici, même sur ce plateau, certains nous expliquaient qu’il ne fallait pas s’affoler, qu’on se plantait complètement. C’était la stratégie de la tortue. Et qu’à la fin, c’était justement cette ligne de sécurité qui pouvait l’emporter.

Dominique SEUX : Vous avez raison, il y a deux choses et il y a que la tortue gagne à la fin, ce n’est pas le cas. En revanche, qu’on peut dire, c’est qu’on aura besoin de tous les vaccins à la fin. Tous les vaccins seront nécessaires à un moment ou un autre parce qu’il va falloir, il s’agit de vacciner la terre entière pendant des années et des années. Donc il faudra des vaccins.

Caroline ROUX : Marie-Paule Kieny. Un mot sur ce qui est appelé un échec de Sanofi à la place qui est la vôtre. Il y avait une attente forte et on voit que l’Europe a passé commande de 300 millions de doses de vaccins Sanofi, c’est à dire autant que AstraZeneca, par exemple. Comment est-ce que vous vous percevez vous, ce qui est considéré par Elie Cohen, notamment comme un triple échec ? Et si on parle bien sûr du point de vue scientifique, qu’est-ce qui s’est passé ?

Marie-Paule Kieny De mon point de vue, je ne pense pas que ce soit un triple échec et en particulier côté politique le fait que l’Europe ait négocié ensemble aux 27 est une vraie réussite. Parce que moi, j’ai vécu ça au moment de la grippe, la pandémie de grippe de 2009/2010 et j’ai vu la cacophonie qui a eu, chacun essayant de passer devant l’autre, etc. Donc, en fait, je pense que c’est au contraire une réussite de l’Europe d’avoir négocié ensemble.

Maintenant, je passe au côté scientifique. En fait, ce qu’il faut voir au début, c’est que les gros producteurs de vaccins ne se sont pas pressés au portillon. Pourquoi ? Parce qu’ils ont été échaudés. Ils ont été échaudés par l’Ebola, en fait, où qu’est-ce qui s’est passé ? Ils se sont lancés. GSK, finalement, a perdu beaucoup d’argent. GlaxoSmithKline.

Janssen a finalement eu un vaccin enregistré et Merck a eu le premier, le seul qui a montré des résultats, mais ils ne font pas une fortune, avec ça, il n’y a aucun doute. Donc, venant cette nouvelle épidémie, ce n’était pas encore une pandémie. Faut-il y aller ? Ne faut-il pas y aller ? Et la plupart n’y ont pas été. Quand vous voyez, ils n’y ont pas été eux-mêmes.

Donc, quand on regarde maintenant les autres grands qui sont en avant. Regardez AstraZeneca. AstraZeneca, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont racheté la recherche d’Oxford, de l’université d’Oxford. Si vous regardez Pfizer, alors Pfizer n’ont pas racheté, n’a pas racheté BioNTech, mais c’est Pfizer s’est associé à BioNTech, qui est une biotech allemande. Vous avez aussi Merck. Merck qui est un géant également. Merck n’est pas plus avancé que Sanofi. On n’en parle pas autant parce que Merck a été un peu plus discret sur ces annonces. Mais le vaccin et vaccin de Merck commencent juste leurs essais de phase 1.

Donc, oui, un échec. Parce que, en fait, je crois que Sanofi se pensait très, très fort. La technologie qu’il développe, c’est une technologie classique avec une protéine sous unité. Ils savent faire ça. Il n’y a aucun doute. Ils ont un des meilleurs adjuvants au monde. GSK, qui d’ailleurs n’est pas engagé dans cette course au vaccin, aurait fourni son adjuvant.

On avait des majeurs, au début de la pandémie, ne sachant pas s’ils allaient avoir des profits ou pas et donc Sanofi…

Caroline ROUX : Vous dites ça comme ça, comme si c’était normal. Mais je pense que c’est très choquant pour les gens qui vous regardent d’entendre ça. Quand on est face à une pandémie mondiale, de dire : « Bon, on n’a pas très envie d’y aller. On est pas très enthousiaste, même si on a beaucoup de moyens, même si on est très gros parce que ça ne rapporte pas. »

Marie-Paule Kieny : En fait, ça a beaucoup rapporté, ce n’est pas le problème. Ça ne rapportait pas jusqu’au moment où c’est devenu vraiment une pandémie.

Mais vous voyez, le vaccin Ebola, ça ne rapporte rien. Faire un vaccin contre d’autres maladies émergentes, ça n’apporte rien. Tous ceux qui ont fait de la recherche contre le SRAS, le SRAS 1, ils ont investi, ça n’a jamais rien donné. Donc en fait, ce qu’il faut. On en arrive et je ne suis pas économiste, mais à l’OMS, on a beaucoup travaillé sur ces dossiers. On a une situation où l’industrie pharmaceutique a été touchée vraiment par la financiarisation excessive. Et donc, le but des industries pharmaceutiques, c’est de faire du profit pour les actionnaires. Ceci dit, au début, ça explique pourquoi ils n’y ont pas été. Après ça, ils se sont réveillés. Et puis, ceux qui ont décidé d’acheter des biotechs se sont bien positionnés, comme AstraZeneca, comme Pfizer. Parce que vous regardez les autres qui sont bien dans la course : c’est Moderna, c’est une petite société. Vous avez effectivement Janssen, c’est le seul qui a commencé de go. C’est le seul qui a commencé tout seul tout de suite et c’est le seul qui est vraiment présent pour Ebola.

Caroline ROUX : Alors on va donner la parole à Aurore Gorius. On va poursuivre cette discussion avec vous, Marie-Paule Kieny, sur ce qui vient d’être dit et qui est dit de manière très claire et avec encore une fois, le pedigree qui est le vôtre, Marie-Paule Kieny. Je vous remercie à nouveau d’être avec nous pour nous faire part de votre expertise. C’est les gros qui n’y sont pas allés dès le début. Parce que voilà. Parce que c’est quand on est dans des big pharma, comme on les appelle. Et ce n’est pas si grave. C’est l’économie, c’est le libéralisme, me direz-vous, peut-être, Dominique SEUX, mais on touche là à la santé et on est à la veille d’une pandémie. Et les gros labos disent à un moment donné : « On ne va pas se jeter là-dessus pour aller trouver un vaccin. »

Aurore Gorius :Ils ont été très prudents parce qu’encore une fois, c’est vrai que les vaccins, ça vient d’être dit ne sont pas toujours très rentables. on a affaire aujourd’hui au secteur pharmaceutique. Sanofi, c’est une espèce de fleuron national – mais il faut quand même rappeler que aujourd’hui, deux tiers des capitaux de l’entreprise Sanofi sont des capitaux étrangers. Il y a 100 000 salariés dans le monde. Il y en a 25 000 encore en France. Mais on sait puisqu’il y a un plan social, que le nombre de salariés en France diminue.

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C dans l’air @Cdanslair · 21 janv. 2021
"#Sanofi est de moins en moins un groupe Français et c’est l’entreprise qui rémunère le plus ses actionnaires au sein du CAC 40 après Total. Cela pose la question de comment dans un moment de pandémie les États peuvent reprendre la main et flécher la recherche". @AuroreGorius

C’est de moins en moins un groupe français. Et la plupart des big pharmas, même si elles ont une nationalité, sont des entreprises mondialisées qui réfléchissent sur un marché mondial et qui sont des entreprises financiarisée. Je vous le disais, et c’est vrai que Sanofi, par exemple, est l’entreprise qui rémunère le plus ses actionnaires au sein du CAC40 juste après Total. Sanofi a versé 4 milliards d’euros de dividendes au mois d’avril 2020 lors de sa dernière assemblée générale. Donc, ce sont des entreprises qui réfléchissent beaucoup en termes de rentabilité. Et toute la question qui se pose, c’est comment, dans un moment de pandémie et dans un moment de grands risques, comment les Etats peuvent reprendre la main ? Initier des choses ? Flécher la recherche.

Alors là, ce qui s’est passé au niveau européen est quand même un espace de succès. D’arriver à commander à 27, à faire des précommandes. Il y a eu des précommandes et il y a eu de l’argent qui était versé aussi au niveau européen pour encourager la recherche sur le vaccin. Aux États-Unis, c’est beaucoup plus fort. Les États-Unis se sont dotés d’un organisme central, la Barda , qui est un organisme qui, véritablement, a beaucoup d’argent, flèche la recherche, peut investir dans des lignes de production et c’est ce qui permet, dans des périodes de grand risque sanitaire, d’avoir une action qui ne dépende pas uniquement des laboratoires.

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BFMTV @BFMTV · 25 mars 2021
Emmanuel Macron appelle l’Europe à retrouver le "goût du risque" sur la vaccination : "Les États-Unis ont été plus ambitieux que nous"
« Moi, je n’ai pas, si je puis dire, de fausse pudeur. Je considère que les États-Unis d’Amérique ont été plus innovants, plus ambitieux, je l’ai dit, peut-être ils ont su davantage rêver que nous et ils ont mis des sommes très importantes pour innover plus vite et plus fort. Ils ont eu raison. Ça doit être une leçon. Et donc pour les vaccins de seconde génération, mais aussi pour d’autres ambitions technologiques et scientifiques que l’Europe doit avoir, il nous faudra retrouver en quelque sorte ce goût du risque. C’est ça, la leçon que nous devons avoir.
Voilà, les deux leçons que je tire du chiffre que vous donnez sont simples. Premièrement, la fin de la naïveté. Je soutiens les mécanismes de contrôle aux exportations mis en place par la Commission européenne. Je soutiens le fait que nous devons bloquer toutes les exportations qui seront faites aussi longtemps que des laboratoires ne respectent pas leurs engagements avec des Européens. Et la deuxième leçon, c’est qu’il nous faut savoir retrouver le goût du risque et de l’investissement dans l’avenir. »
Covid-19 : Conseil européen du 25 mars 2021.

Caroline ROUX : Nous allons revenir sur ces sujets, sur les fonds qui ont été mis par les contribuables américains au fond pour retrouver ces vaccins. «  La France insoumise » n’y va pas par quatre chemins. L’échec de Sanofi, c’est l’échec de la Macronie. Il faut dire que les 400 suppressions de postes de chercheurs chez Sanofi ont du mal à passer dans l’ensemble, la classe politique au moment où l’on espère encore un vaccin français. L’Europe a commandé 300 millions de doses, une commande stratégique pour poursuivre une campagne de vaccination. Julien Launay, et Christophe Roqué.

Reportage : Voix off : Jours de débrayage sur les sites du groupe pharmaceutique. De quoi interpeller en pleine pandémie, surtout que Sanofi a pris du retard dans la course aux vaccins. Une des raisons de la colère, c’est la suppression à venir de quatre cents postes dans la branche recherche et développement. Pour les représentants des salariés difficile d’imaginer pire timing.

Interviewé
« On continue à démanteler la recherche et développement en France et ensuite, on s’étonnera qu’on n’ait pas de vaccins ou de médicaments à mettre sur le marché français et mondial. C’est quand même assez paradoxal, tout ça pour faire des économies, parce que le directeur général, qui s’appelle Paul Hudson, a décrété qu’il fallait faire à nouveau 2 milliards d’économies supplémentaires. Donc ils taillent à vif dans les effectifs. »

Voix off : Après la première vague de Covid-19, en juin 2020, Sanofi avait annoncé une réorganisation de ses effectifs. Objectif : réduire la voilure avec 1 700 emplois en moins en Europe, dont un millier en France. va. Lors d’un rassemblement le mardi 19 janvier 2021 sur le site de Sanofi-Pasteur de Val-de-Reuil (Eure), près de Rouen, François Ruffin est venu apporter son soutien. Quelques jours plus tôt, à l’Assemblée, le député ne mâchait pas ses mots à l’égard de la direction et de l’exécutif.

François Ruffin : « L’échec de Sanofi, c’est l’échec de l’anachronisme. Qu’a fait Sanofi depuis dix ans ? Ses dirigeants ont licencié la moitié de leurs chercheurs, la moitié. Ce groupe comptait 11 laboratoires en France. Il en reste aujourd’hui 3. Sanofi s’est désengagé de tous les traitements non rentables la cardiologie, les antibiotiques, la neurologie, le diabète. Est-ce parce que la firme se porte mal ? Au contraire. Mais tous les profits vont aux actionnaires. »

Voix off : La question de la stratégie du groupe se pose et ces choix mettent dans l’embarras le gouvernement, qui comptait sur ce géant français de la santé.

Interviewé
« Sanofi est un fleuron industriel français, une des grandes entreprises pharmaceutiques mondiales. Qu’est-ce que nous attendons de Sanofi ? Trois choses. La première, c’est de confirmer qu’il n’y aura aucune fermeture de site. La deuxième, c’est qu’il n’y aura aucun licenciement sec dans le cadre de ce plan de restructuration. C’est l’engagement qu’il avait pris, il doit être maintenu. La troisième chose que nous attendons, c’est une clarification sur la stratégie de développement des activités de recherche et de développement de Sanofi en France. »

Voix off : Horizon incertain alors que Sanofi est à la traîne dans la course aux vaccins et ne serait prêt qu’à la fin de l’année. Il a fallu revoir le calendrier d’un des vaccins candidats à cause d’une réponse immunitaire insuffisante sur les plus de 50 ans. Grande déception en interne.

Interviewé
« On a un petit peu honte quelque part quand même de s’appeler Sanofi Pasteur, donc le grand chercheur français qui a trouvé les vaccins et qui a commencé. Et donc de se retrouver derrière, comme disent la direction, souvent nos concurrents, alors que ce n’est pas forcément nos concurrents. Parce que là, je pense qu’il n’y aurait pas avoir de concurrence dans les domaines du vaccin. C’est un peu la risée. »

Voix off : Un retard d’autant plus problématique qu’il alimente la controverse sur le stock du nombre de vaccins disponibles.

Interviewée
« Est-il vrai ou non que le gouvernement français a renoncé à acheter 500 millions de doses pour avantager Sanofi ? Se sont-ils fait avoir par un mensonge de Sanofi ou ont-ils volontairement ralenti la commande, pensant pouvoir avantager une industrie française ? »

Voix off : Dans l’attente de son vaccin, le gouvernement aimerait que Sanofi s’improvise sous-traitant, mettre la capacité de production au service des autres labos. Mais ce n’est pas si simple.

Interviewée
« Ça peut être une bonne idée parce que le monde entier manque de doses et qu’on se dit que c’est stupide que Sanofi ou d’autres acteurs aient des capacités de production inutilisées alors qu’on manque du vaccin. Après, ça pose un certain nombre de difficultés puisque le brevet du médicament fin du vaccin Pfizer BioNTech est évidemment détenu par Pfizer BioNTech et donc aucune autre firme n’a le droit de produire ce vaccin sans évidemment l’accord du détenteur de brevets. »

Voix off : Sanofi Pasteur réduit à jouer les seconds rôles et celui de simples exécutants pour ceux qui ont trouvé la formule. Alors, le groupe est-il prêt à contribuer à l’effort de guerre en aidant à produire des vaccins concurrents ? Officiellement, il étudie la faisabilité technique d’effectuer temporairement certaines étapes de fabrication.

Caroline ROUX : Cette question qui nous est posée ce soir comment se fait-il que Sanofi veuille se débarrasser quatre cents chercheurs alors qu’il devrait au contraire recruter ?

Dominique SEUX En fait, c’est très intéressant parce que les 400, c’est pas sur les vaccins. C’est un plan qui avait été lancé en juin 2020, c’est sur la chimie. En fait, ce qui se passe, le basculement de la part de tous les grands laboratoires, c’est de se dire : « notre recherche interne, nous ne sommes pas assez disruptifs. Ce sont les petits qui sont disruptifs. » Ce qu’on appelle les biotechs. Et d’ailleurs la preuve en est que c’est Moderna, États-Unis ; BioNTech, allemand ; et l’université d’Oxford, Royaume-Uni. Évidemment, ce qui est ennuyeux, c’est qu’il n’y a pas de Français. Ce que disait Elie Cohen.
Il faut savoir que Sanofi a investi dans les tout derniers mois à acheter trois sociétés biotech américaine notamment, dont chacune vaut plus de 3 milliards de dollars. Et donc, il y a un basculement qui est une externalisation, la sous-traitance si on veut, mais enfin c’est l’externalisation. Et c’est effectivement plutôt au détriment des moyens de la recherche interne. Attention, parce que ça a évidemment des conséquences en interne dommageables. Aucun doute là-dessus.
Mais ça se double d’une réorientation des recherches, c’est-à-dire qu’il lâche plutôt le diabète, par exemple et ils se concentrent sur l’oncologie et notamment l’Oncologie parce qu’il y a plus de marchés.

Aurore Gorius : Les traitements sont plus chers en oncologie, c’est des traitements très chers. Donc, on peut produire des innovations qui sont facturées très, très cher, qui sont remboursées très cher. Et du coup, c’est un marché plus juteux que les maladies chroniques comme le diabète qui ne rapporte pas grand-chose, ou même les vaccins, les vaccins et toute la partie infectieuse, c’est beaucoup moins rentable, comme cela a été rappelé.

Dominique SEUX : Parce que tout a été trouvé aussi sur le diabète en partie, et qu’en immunothérapie, par exemple, c’est un champ qui s’ouvre.

Caroline ROUX : En tout cas, la question qui est posée dans le débat politique ces derniers jours, c’est la question des subventions. Tout ça fonctionne très bien quand on est une entreprise qui ne touche pas d’argent public et de subventions publiques. C’est ce qu’on a entendu dans la voix de plusieurs responsables politiques. D’ailleurs, cette question qui nous est posé, Elie Cohen, Sanofi bénéficie-t-il des subventions publiques ?

Elie COHEN : Écoutez, si on se concentre sur l’affaire du vaccin, on peut dire que ce que ce qu’a reçu Sanofi, c’est quelques centimes par rapport à l’effort autrement plus sérieux qui a été mené aux États-Unis pour accélérer l’accouchement du vaccin. Je vous donne juste quelques chiffres. Aux États-Unis, l’opération Warp Speed, qui a permis de faire déboucher la production de vaccins à la fois en accélérant la recherche, en préfinançant des industries et en préachetant des doses, c’est 10 milliards de dollars.

Nous, l’effort, il y a un fonds qui a été créé au niveau européen pour aider la recherche dans le domaine des nouveaux vaccins. C’est 100 ou 200 millions d’euros à peu près. C’est-à-dire ? Vous voyez un peu les ordres de grandeur, premièrement. Deuxièmement, lorsqu’on a passé commande, on a passé en Europe. Je ne suis pas du tout contre la méthode européenne. Au contraire, je suis un défenseur fervent de la méthode européenne. Mais enfin, il faut quand même dire les choses. Nous avons mis six semaines pour finaliser nos négociations pour l’achat des doses et pour négocier les prix, alors que aux États-Unis, et je ne parle même pas d’Israël et du Canada, ce sont des négociations qui ont été menées en moins d’une semaine.

Donc, pour revenir à l’essentiel, il ne faut pas confondre les problèmes. Il y a un premier problème, ça a été dit, c’est le basculement du modèle économique des big pharma. Les big pharma, pendant très longtemps, ont internalisé leurs recherches, ont développé leurs recherches et ils avaient de grandes armées, de chercheurs. Et l’objectif, c’était de produire des blockbusters, c’est à dire des médicaments qui rapportaient chacun plus de 1 milliard de dollars. Ce modèle du blockbuster est arrivé à sa fin à la fois parce que les génériqueurs ont pris le relais beaucoup plus rapidement et parce que les rentes de situation des big pharmas ont disparu très rapidement. Et en même temps, parce que la nature même de la recherche pharmaceutique a changé, avec l’orientation vers la génomique, vers tout ce qui est biotech, etc. C’est le premier élément.

Et donc, ce qu’ont fait les big pharmas, c’est qu’elles, elles se sont concentrées sur des spécialités comme les maladies rares à forte rentabilité et pour tout ce qui était nouveau développement, ils ont racheté des start up. Et on a parlé tout à l’heure de BioNTech, qui a fait un accord avec Pfizer, mais il faut savoir que Sanofi a acheté une biotech qui fait dans le Covid qui s’appelle Translate Bio et qui a elle aussi lancé des recherches sur un vaccin Covid mRNA, mais qui n’a pas encore véritablement abouti.

Donc, le modèle général, c’est un modèle dans lequel les big pharmas préfèrent racheter des start up plutôt que de développer eux-mêmes la recherche dans le domaine des biotechs. Et c’est par rapport à ça qu’il faut apprécier la performance de Sanofi. Sanofi a fait plus mal que les autres. Ça a été dit à la fois pour AstraZeneca, avec la recherche d’Oxford, avec BioNTech et Pfizer. Et nous, nous avons, nous Français, si j’ose dire, nous avons fait le pari de Translate Bio, sauf que Translate Bio n’a pas été aussi rapide et aussi efficace que les autres. Donc, il ne faut pas attaquer Sanofi sur des mauvais terrains. Sanofi est comme toute big pharma en redéfinition, il faut juger sa performance spécifique par rapport aux Big Pharma.

Caroline ROUX : Marie-Paule Kieny, ce qu’on entend beaucoup aussi, c’est l’idée qu’on aurait voulu, dans la commande européenne, privilégier un groupe français et donc retarder des commandes pour privilégier Sanofi.

Marie-Paule Kieny : Le conseil scientifique, le comité scientifique vaccin Covid a été en contact permanent avec la task force qui a acheté les vaccins pour donner des conseils et des recommandations sur ces vaccins. Je peux vous dire qu’à aucun moment la France n’a retardé quoi que ce soit comme, comme commande pour privilégier un ou un autre.

Les contrats ont été plus longs à être signés. C’est exact. Mais aussi, la France et l’Europe n’ont pas accepté n’importe quoi. C’est-à-dire, les pharmaciens ont voulu, les pharmaceutiques ont voulu demander, ont exigé des conditions d’un point de vue de leur protection légale qui n’était absolument pas acceptables. Et par leur négociation, les Européens sont arrivés à redresser une partie de ces clauses. On a obtenu aussi des prix qui étaient quand même nettement inférieurs aux prix américains.

Alors vous me direz est ce que c’est important ou pas ? Mais c’est vrai que les négociations ont été plus longues. Mais pendant ce temps, le vaccin qui était, disons, qui était visé est resté disponible. Ce n’est pas qu’on a perdu des opérations ou des opportunités en négociant un peu plus longtemps.

Caroline ROUX : Est-ce que ça peut compliquer la campagne de vaccination ? Marie-Paule Kieny 300 millions de doses de vaccin qui vont arriver plus tard, très tard, peut-être même après l’été. Des vaccins qui étaient prévus et achetés au laboratoire Sanofi. Est-ce que ça va compliquer la campagne de vaccination pour la France, mais aussi pour les autres pays européens qui ont procédé à cet achat groupé ?

Marie-Paule Kieny  : Non, ça complique la vaccination pour tout le monde, on voit déjà qu’on n’en a pas assez et ce n’est pas comme si, quand on dit qu’il faut en acheter une plus, etc. C’est qu’il y en a pas plus. C’est que c’est quand fait tout ce qui est déjà disponible est déjà acheté. Moderna a déjà annoncé que si on devait faire une nouvelle commande maintenant, ce serait pour nous pour la fin de l’année 2021. Donc, c’est exact que l’absence de ce vaccin Sanofi est un véritable problème pour la France, pour l’Europe et au-delà de ça aussi pour les pays en développement pour lesquels un vaccin comme celui de Sanofi. Vu son prix qui est un peu inférieur aussi à certains autres, était un vaccin qui était hautement désirable.

Caroline ROUX : Et là, on se dit qu’on regrette peut être d’avoir négocié les prix à la baisse alors que certains pays ont pensé à Israël, ont accepté de payer plus cher. Là pour le coup, le quoi qu’il en coûte, ils l’ont appliqué et avec des doses à disposition qui a été négocié par Netanyahou lui-même, qui a mouillé le maillot pour aller chercher des doses ?

Aurore Gorius  : Oui, et en même temps, quand on dit qu’il n’y a pas eu d’argent de l’Europe. Attention quand même, les précommandes, c’est de l’argent sonnant et trébuchant. Ces 300 millions de doses et ça avait fuité, la ministre du Budget hollandaise avait laissé fuiter les prix de chaque dose. Et pour Sanofi, c’était à peu près 7 euros la dose, donc vous multipliez 300 millions fois 7 euros, c’est quand même plus de 2 milliards.

Caroline ROUX : Moins cher, par exemple, par rapport, on va parler de Moderna. Le vaccin Moderna est à 18 euros la dose.

Aurore Gorius : Oui, exactement parce que ce n’est pas la même technologie. Donc, du coup, il y a quand même des sommes qui sont rentrées. Il y a quand même de l’argent public qui est allé à Sanofi. Il y a eu de l’argent qui était débloqué par la Commission européenne pour la recherche. Il y a eu 3 milliards d’euros qui ont été débloqués, donc il y a eu quand même un effort européen pour essayer de booster la recherche sur ces vaccins. Sans doute moins coordonné et beaucoup moins massif qu’aux États-Unis, mais en tout cas, il y a eu de l’argent public. Et c’est aussi pour ça qu’aujourd’hui, c’est compliqué, quand on entend Sanofi qui licencie parce qu’il y a de l’argent public qui est versé et parce que Sanofi, par ailleurs, touche tous les ans 150 millions d’euros de crédit impôt recherche. Et donc, si on supprime la recherche interne, pourquoi on touche encore du [crédit impôt recherche>article713] ?

Donc, là, il y a une position de Sanofi qui n’est plus tenable, même si c’est vrai que le modèle de Big Pharma évolue. Et du coup, comment après l’argent public, où l’argent public doit aller ? Et là, c’est vrai qu’il y a des questions à se poser sur comment l’État finance une industrie pharmaceutique qui échappe largement à toute territorialité en réalité.

Caroline ROUX : Et cette question, vous dites ça peut choquer les Français, mais ce qui était très dur à entendre pour les Français, c’est quand le patron de Sanofi avait dit les Américains seront servis en premier.

Aurore Gorius : Il a essayé de faire monter les enchères en disant On va réserver les vaccins à ceux qui nous donnent de l’argent, c’est-à-dire les États-Unis. Et ça a beaucoup choqué, y compris en interne. Il y a eu une volée de bois vert. Il s’est pris une volée de bois vert par les salariés de Sanofi en France et il a fait une lettre d’excuses.

Il a dit que c’était une erreur, une maladresse de communication. Mais l’objectif derrière, c’était de faire monter les enchères pour que l’Europe donne aussi de l’argent. En réalité, c’est ça.

Caroline ROUX : Est-ce que Sanofi va finir par produire les vaccins qui nous manquent. Puisqu’on est tous à la course aux vaccins et aux doses ? On a entendu dire que les usines, les sites de production de Sanofi pourraient être utilisés pour produire des vaccins. Imaginé, pensé, réussi par les autres.

Dominique SEUX : Alors, on n’a pas le résultat, mais à mon avis, oui, ça va se faire. Il y a une pression politique très forte. Emmanuel Macron a encore parlé en conseil de défense, lundi soir, à ses ministres. Il leur a dit où ça en est ? Paul Hudson, le patron de Sanofi a été vu par Agnès Pannier-Runacher la semaine dernière avec Bruno Le Maire. Et le gouvernement est en train de mettre la pression pour dire à Sanofi : « écoutez, essayez de nous faire au minimum du flaconnage. C’est-à-dire prendre le vrac, le produit, le vaccin et vous le mettez dans les petites fioles et vous voyez ce que vous pouvez faire ».

Il y a une hésitation, manifestement, pour leur demander de travailler soit sur le vaccin bioNTech, soit sur le vaccin Johnson & Johnson, Janssen en Europe, lequel sera le plus rapidement disponible. Mais vous savez, tout se joue en ce moment à la semaine près. J’ai appris, par exemple, qu’on demande aux laboratoires en ce moment de ne pas mettre d’étiquette, de ne pas forcément mettre la notice. Il paraît que ça fait gagner une semaine de production.

On joue sur des détails parce que c’est une course contre la montre. Et évidemment, quand vous posez la question est-ce que Sanofi ment ? Oui, Sanofi ment. Mais en même temps, il faut juste un instant en arrière quand même sur l’affaire des négociations et des prix. Oui, on a négocié sur les prix, etc.

Mais le climat en Europe, quel est-il ? Et notamment en France. C’est de dire en permanence, on donne de l’argent aux big pharmas. Le contribuable va payer. Et donc, l’exécutif européen est coincé entre deux trucs. Les États-Unis, en fait, ils s’en foutent. Ils ont compris dès le début que quel que soit le prix du vaccin et de l’investissement, cela valait la peine. Ils ont probablement été plus malins.

Caroline ROUX : Vous voulez dire que ça se serait mal passé dans l’opinion de dire : on va payer trop cher des doses, mais du coup, ça va faire les affaires de…

Elie COHEN : Mais quelle est la réalité de débat politique en Europe, et notamment en France, porté par, par exemple par Pascal Lamy. Enfin c’est un vrai débat. Mais : montrez-nous les contrats que nous achetons. Combien de subventions leur donne-t-on ? Donc, il faudrait savoir à la fin. Alors effectivement, c’est un peu moins cher. Mais c’est vrai qu’il y a moins de subventions qu’aux États-Unis. Il n’y a aucun doute là-dessus.

Mais attention, l’Europe n’est pas si nulle que ça quand même. Aux États-Unis, ils en sont à 15 ou 17 millions d’injections. Hier soir, 20 janvier 2021, en tout cas, je n’ai pas regardé depuis, mais je ne suis pas tellement plus. Ils ont démarré un peu avant. Aux États-Unis, n’ont pas encore donné leur aval au vaccin AstraZeneca.

Les Britanniques, oui, mais un vaccin qui n’est pas avalisé pour l’instant par les États-Unis parce qu’ils considèrent qu’il n’est pas tout à fait OK pour les plus âgés, ça pose peut-être un problème. L’Europe prend son temps et elle doit donner sa décision entre le 27 et le 29 janvier 2021, c’est-à-dire bientôt, peut-être en réservant pour les moins de 65 ans. On verra, mais je suis certain qu’on peut nous le dire sur ce plateau ce soir.

Mais les choses ne sont pas si simples que ça. Et ce qu’on a appris aujourd’hui que selon le calendrier du gouvernement, je ne sais pas si c’est interne ou externe, mais le gouvernement français considère qu’il peut vacciner avec les doses qui sont commandées 45 millions de Français d’ici l’été.

Si AstraZeneca est avalisé et si les différents vaccins arrivent, ça veut dire que l’on a une période de tension, de frustration en ce moment, mais que ça va changer.

Caroline ROUX : Il y a message et message parce qu’on a vu passer tout à l’heure la citation d’Olivier Véran qui dit la France pourrait ne pas avoir vacciné tous les publics fragiles d’ici l’été.

Elie COHEN
Écoutez, en termes de doses sur la table. Apparemment, ça devrait aller après.

Aurore Gorius
Parce qu’il y a aussi commande et capacité des laboratoires à produire, donc il faut que ça suive derrière.

Caroline ROUX
Marie-Paul Kieny, sur AstraZeneca, dans ce contexte-là, on imagine mal les instances européennes dire : « ah non, on va se passer de celui-là. »

Marie-Paule Kieny
Non, effectivement, mais il faut quand même laisser le temps aux agences de faire leur travail. Je crois que c’est très important de savoir si ce vaccin, effectivement, est utilisable.

On sait déjà qu’il a une efficacité en général qui est moins élevé 60 à 65 % plutôt, et donc on veut voir. Et ils veulent avoir les données. En Angleterre, enfin, en Grande-Bretagne, il y a un peu une situation de panique. Donc, les choses se font à toute allure. Par exemple, il y a eu une décision de retarder la deuxième administration. On voit maintenant, il y a des données qui sont en train de sortir d’Israël, qui montrent qu’en fait, ce n’est pas une bonne approche. Ça a été discuté en France, mais la France a dit non, on ne va pas faire cette approche.

C’est vrai que c’est une urgence sanitaire, mais c’est vrai aussi qu’il faut faire les choses correctement. Et je ne doute pas que si ce vaccin AstraZeneca effectivement a les qualités qu’AstraZeneca prétend qu’il a, il sera enregistré par l’Europe.

Il ne faut pas oublier d’ailleurs qu’il y a deux autres vaccins qui sont très, très proches de nous. On attend pour la fin du mois de janvier 2021 les résultats de Janssen qui teste 2 formules, dont une avec une seule dose et une autre formule qui est un peu moins avancée pour l’essai avec deux administrations. Si effectivement, le vaccin, et on souhaite, de Janssen sortait avec de bons résultats avant la fin du mois de janvier 2021, on pourrait avoir aussi non seulement AstraZeneca, mais aussi le vaccin de Janssen qui lui, est utilisable sous forme d’une seule administration de vaccins et donc qui faciliterait beaucoup la distribution et le nombre de personnes vaccinées.

Caroline ROUX
Puisqu’on en est à savoir qui fait quoi. C’est un laboratoire belge, Janssen ?

Elie COHEN
Non, c’était américain. La filiale européenne s’appelle Janssen, mais c’est le groupe Johnson & Johnson et c’est un big pharma.
C’est un big pharma. En tout cas, il est le pur produit des grandes écoles françaises.

Reportage

Stéphane Bancel est centralien, il a commencé sa carrière dans le groupe lyonnais BioMérieux et aujourd’hui, il est à la tête de la biotech Moderna qui inonde le marché mondial de vaccins, des vaccins de nouvelle génération de type ARN. Une fortune désormais estimée à 3 milliards. Un homme avait choisi de lui faire confiance : Donald Trump, Walid Berrissoul et Aurélie Sanner.

Voix off
À la Maison-Blanche ce jour-là, le gratin de l’industrie pharmaceutique cherche le remède au Covid-19. Donald Trump a la mine des mauvais jours. Le vaccin, on lui répète que c’est un horizon encore lointain et hypothétique jusqu’à ce moment précis, pendant le tour de table.

Face au président américain, un quasi-inconnu de 47 ans avec un fort accent français, va créer la surprise.

Moderna, son entreprise n’a encore jamais sorti le moindre médicament. Un gigantesque pari pour Stéphane Bancel, lui qui est un pur produit des grandes écoles françaises.

Stéphane Bancel
« Je m’excuse par avance de mon francanglais parce que ça fait 25 ans que je travaille, mais j’ai travaillé uniquement deux ans en France. »

Voix off
En visioconférence avec les étudiants de centrale dont il est issu, il détaille son parcours plusieurs années au sein du groupe lyonnais BioMérieux. Il en devient le directeur général à seulement 34 ans et développe l’activité du groupe à Boston, aux États-Unis, aux côtés de son ami Thierry Bernard.

Interviewé
« Dans le milieu des années 2000, d’avoir le directeur général d’une entreprise française qui s’installe et qui travaille depuis Boston, ce n’est pas quelque chose de très fréquent. Il faut reconnaître à Alain Mérieux et à BioMérieux avoir l’intelligence d’avoir accepté cela.

Mais je pense que Stéphane a toujours été attiré par l’envie de créer quelque chose de lui-même, de zéro. Et d’en faire une vraie entreprise de taille mondiale. Et ça, il faut reconnaître que seuls les États-Unis actuellement peuvent offrir cela a un tel talent. »

Voix off
Car c’est dans le Massachusetts que se trouve la Mecque mondiale des biotechnologies. Un petit quartier de Cambridge appelé Kendall Square, entre l’université Harvard et le prestigieux MIT de Boston. Un lieu qui attire les meilleurs chercheurs de la planète, ceux qui travaillent sur la santé du futur.

Traduction
« C’est la plus forte concentration au monde d’investisseurs très expérimentés qui savent comment financer des entreprises de biotechnologie. Donc, si vous avez une idée folle, une idée vraiment bizarre, mais qui pourrait peut-être marcher, eh bien c’est ici qu’il faut venir. »

Voix off
Et c’est là qu’émerge, au début des années 2010, une idée incongrue l’ARN messager, une technologie révolutionnaire qui pourrait permettre au corps humain de fabriquer ses propres médicaments. Noubar Afeyan, une figure de l’industrie des biotechs, veut miser là-dessus et se tourne alors vers Stéphane Bancel.

Stéphane Bancel
« J’allais leur dire : « Bon, vous êtes sympa. Vous faites ça sans moi. Ça ne marchera jamais votre truc ». Et le patron de Flagship, qui est libanais, qui est très charmeur. Il me dit en anglais « What is this ? Qu’est-ce qui se passe si ce truc marche ? » Et c’est là qu’il m’a totalement retourné comme une crêpe. »

Voix off
À peine créée, l’entreprise Moderna lève beaucoup de dollars et beaucoup d’interrogations. Jusqu’en janvier 2020.

Traduction
C’est un nouveau coronavirus. Ces séquences ont été rendues publiques sur Internet. Elles sont accessibles à tous.

Voix off
Pour Stéphane Bancel et sa technologie, c’est enfin l’heure de vérité. Au fil des mois, le visage du Frenchie devient synonyme d’espoir pour les Américains.

Traduction
Encore des bonnes nouvelles, encore des remerciements depuis le monde entier.

Voix off
Le vaccin Moderna est déployé en priorité aux États-Unis et avec plus de retard en Europe avec laquelle il n’est pas tendre.

Stéphane Bancel
« On a commencé à discuter avec plusieurs pays européens au mois de mai. On n’a eu aucune aide pour payer aucune étude clinique. Tout a été pris par le gouvernement américain. Heureusement qu’ils l’ont fait, sinon on n’a pas pu développer le vaccin aussi vite que cela. Comme nous sommes une société qui n’a jamais fait un euro de profits et les essais cliniques ont coûté un milliard de dollars. »

Voix off
Un pari à l’américaine gagné par cet héritier de Pasteur récemment entré au classement des milliardaires du magazine Forbes.

Caroline ROUX
Marie-Paule Kieny, je voudrais avoir votre à ce qu’on vient d’entendre à l’instant Stéphane Bancel, qui dit au fond, on n’a pas été aidé par l’Europe. Ça veut dire que l’Europe ne croyait pas en cette technologie-là ?

Marie-Paule Kieny
Alors ce n’est pas seulement cette technologie-là. C’est en général ce qui a été dit tout à l’heure. Ce qui est en fait, les États-Unis se sont dotés, il y a 15 ans ou plus même déjà maintenant, d’une agence qui s’appelle la Barda, qui dépend du ministère de la Santé et qui est soutenue par les deux partis, par les démocrates et par les républicains et qui est dotée de milliards de dollars et qui a un rôle, c’est de protéger les Américains.

Et ils travaillent pour développer des médicaments, des diagnostics, des vaccins et d’autres outils pour à la fois les risques biologiques comme une pandémie, mais aussi les risques chimiques, les risques nucléaires, etc. Et donc, ça crée un écosystème, un environnement qui fait que là-bas, les biotechs qui développent et qui s’intéressent à ce genre de choses, même si au départ, il n’y a pas de marché, peuvent prospérer.

Donc, en fait de ce qu’on voit, le résultat qu’on voit maintenant, ce n’est pas le résultat des investissements qu’on a eu maintenant, c’est aussi le résultat de deux décennies de plus d’une décennie d’investissements qui a permis à ces biotechs de s’installer sur le sol américain, de développer des technologies. Ils ont été aidés. Certains, je vois, par exemple la société de Novavax qui est un des premiers qui arrive aussi, a été supporté pendant des années par la Barda, ils faisaient un vaccin grippe. Ils avaient des problèmes, ça n’allait pas et finalement, ils ont réglé leur problème juste avant la pandémie.

Mais ça, c’est un système qui n’existe pas en Europe. Effectivement, et c’est en cours de discussion. Il y a des commissions européennes discutent la création d’une nouvelle entité qui s’appellerait HERA. Et qui pourrait être un pendant à la Barda.

Caroline ROUX
Aurore, vous vouliez dire un mot.

Aurore Gorius
Oui, c’était juste pour compléter le niveau Européen. La santé ne fait pas partie des compétences de l’Union européenne et donc ça pose des problèmes. On voit bien à quel point ça pose des problèmes pour la gestion de cette pandémie. Mais Ursula Von der Leyen a dit qu’elle voulait créer l’équivalent de la la Barda et on voit bien à quel point, dans une dans une crise comme ça, il faut du pouvoir, il faut de la puissance publique, il faut de la coordination et il faut une stratégie à long terme.

La Barda existe depuis 2006, donc il faut une stratégie à long terme pour pouvoir faire en sorte que l’industrie pharmaceutique qui s’est largement délocalisée dans les pays asiatiques – vous l’avez dit pour la production de principes actifs, etc. – reviennent en Europe, pas uniquement. D’ailleurs, il y a des réflexions au niveau européen, que ce ne soit pas uniquement forcément sur en France ou en Allemagne, mais que ce soit peut-être aux portes de l’Europe, au Maghreb ou au Moyen-Orient.

Voilà faire en sorte qu’il y ait un écosystème qui soit plus proche de l’Europe avec véritablement une capacité de, j’allais dire un gros mot, de planification, mais en tout cas de stratégie à long terme, parce que ça fait partie du principe de précaution. Ça fait partie de la sécurité sanitaire. Ça fait partie de ce que doit faire un Etat pour protéger ses citoyens.

Caroline ROUX
Et on y vient au sujet et vous avez raison de le souligner. Elie Cohen derrière tout cela, je le disais en présentant le thème de l’émission, il y a l’idée de déclassement. Il y a l’idée de souveraineté aussi. Bien sûr, ce sont des groupes américains et au final, on finit par récupérer des vaccins de Moderna ou de Pfizer. Mais derrière cette idée-là, il y a cette notion aussi qu’en réalité, on en perdant un accès à un vaccin français ou même d’abord français, on perd une part de notre souveraineté. En tout cas, il y a un sentiment de déclassement. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?

Elie COHEN
Tout à fait. Et je trouve que le petit film que vous nous avez montré sur l’aventure Moderna est particulièrement éclairant. Acte 1 : Monsieur Stéphane Bancel était salarié d’une entreprise française Mérieux et Mérieux et notre grand spécialiste du vaccin. Monsieur Stéphane Bancel, dans cet environnement-là, a estimé qu’il ne pouvait pas donner la pleine mesure de ses capacités et il a décidé d’aller aux États-Unis. Il participe à la création de Moderna.

Ce qui n’a pas été dit, c’est que Moderna a été lancé avec 2 milliards de dollars d’argent privé levés auprès d’investisseurs individuels. 2 milliards de dollars, alors que l’entreprise avait zéro produit zéro recherche développée. Donc, ils ont été capables de puiser dans l’écosystème financier aux États-Unis pour lever de l’argent. Et puis, ils ont développé sans même faire un franc de chiffre d’affaires. Ils ont développé cette plateforme ARN, qui est donc basé sur un pari qui est que en envoyant le bon code dans notre organisme, on dit on est prêt notre corps pour qu’il puisse se défendre lui-même. Ils ont réussi ce formidable pari. Après, ils sont allés effectivement frapper à la porte de la Barda.

C’est cet organisme qui a été créé aux États-Unis pour financer la recherche sanitaire et pour développer l’autonomie stratégique des États-Unis dans ce domaine-là. Parce que la Barda n’est que la copie dans le domaine des biotechs du Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) (« Agence pour les projets de recherche avancée de défense ») , une agence qui a été créé pour financer les recherches et les développements dans le domaine du militaire, de l’autonomie technologique dans les composants électroniques et qui a permis toute une série de développements comme par exemple l’internet ou même, d’une certaine manière, les composants qui ont abouti à iPhone.

Ça débouche de la recherche militaire américaine dans le DARPA et donc on a le la Barda dans le domaine de la santé. Je fais partie de ceux qui, depuis dix ans, essayent de convaincre l’Union européenne de créer quelque chose d’équivalent au DARPA. Tout ce que l’on peut dire, j’apprends au passage qu’on va peut-être créer l’équivalent européen, mais c’est pour vous dire les délais de réaction.

Ensuite, le président Donald Trump a créé cette mission et c’est ce programme qui s’appelle l’opération Warp Speed. Il a nommé quelqu’un qui s’appelait Moncef Slaoui, qui a été nommé le tsar des vaccins, et il a mis un milliard de dollars de subventions gratuite sur la recherche pour chacun des six vaccins.

Caroline ROUX
J’entends ce que vous dites, Élie Cohen et on s’est dit on vous écoutant attentivement. C’est donc une question d’argent.

Elie COHEN
Ah non, c’est une question d’écosystème de recherche, d’écosystème de financement et d’un État qui sait prendre les risques pour protéger sa population. Parce qu’on parle de subventions américaines. Il faut bien voir les subventions qui ont été versées. Ce n’est pas la même chose de donner un milliard à fonds perdu pour financer la recherche et de mettre 1 milliard 200 millions en pré commande de doses. Ce n’est pas la même chose.

Caroline ROUX
J’allais oublier. Pardon, Élie Cohen cette question que je voulais poser à Dominique Seux, c’est plus une remarque. Je suis chercheur dans mon laboratoire. Je dois me battre avec la partie administrative au lieu de travailler. C’est ça le problème aussi de la fuite des cerveaux français. Parce qu’on va voir dans un instant qu’on en a des bons.

Dominique SEUX
Oui, bien sûr, évidemment. Parce qu’évidemment, c’est un échec pour Sanofi. Mais dans énormément de domaines médicaux, les Français sortent des bons produits, des beaux vaccins, etc. Faut pas non plus passer. Nous sommes un pays formidable, mais nous sommes un pays catastrophique. C’est un échec.

Et alors donc, ce chercheur ? Effectivement, c’est vrai que la lourdeur des procédures administratives bon, ça remonte à Georges Courteline est un peu est un peu longue. C’est aussi parce qu’il y a pas beaucoup d’argent. Mais attention, au départ de Moderna. C’est de l’argent privé qui s’est mis à risque et ce n’est pas complètement par hasard parce qu’on parle de Moderna, mais l’autre biotech bioNTech, elle est cotée au Nasdaq. Elle est allemande, elle est cotée au Nasdaq. Pourquoi ? Parce que les investisseurs américains ont une culture de la prise de risque. Alors évidemment, il y a la Bourse et il y a des bénéfices formidables. Mais de temps en temps, ils ont perdu de l’argent pendant des années avec Moderna. Et puis un jour, ça marche. Un jour, ça marche, ça part.

Dans une interview qu’il avait donnée il y a quelques semaines Stéphane Bancel, disait : le problème en France, c’est que l’épargne, vous voulez absolument qu’elle soit sûre qu’il n’y ait pas de risque. On vous demande qu’elle soit garantie et évidemment, ça pose un petit problème à la fin. Et il explique, c’est la raison pour laquelle il n’a pas pu s’installer en Europe, sachant que les États-Unis, c’est un beaucoup plus grand marché aussi que l’Europe, avec son compartimentage linguistique notamment.

Caroline ROUX
Et dans l’ombre des big pharmas, la France continue quand même de voir émerger des pépites vaccin, traitement d’avenir. Elles se sont peut-être ces start up qui continuent d’innover, comme ce labo qui travaille à Lyon sur un vaccin universel pour tous les coronavirus. Reportage : Amélia David, Maxime Liogier et Laura Radeau.

Voix off
Derrière les murs de ce laboratoire se trouve peut-être la solution française aux mutations du Covid-19. Le défi de cette start up basée à Lyon est ambitieux, presque révolutionnaire : mettre au point un vaccin efficace contre tous les coronavirus.

Interviewée
« Notre objectif, c’est vraiment de proposer un vaccin de 2e génération qui sera efficace contre le SRAS-COV-2, mais aussi ses différents variants et plus tard, contre une nouvelle pandémie coronavirus, puisque c’est quand même la troisième pandémie en 18 ans. Donc la probabilité que l’on en ait une suivante est quand même assez élevée. »

Voix off
Un sérum résistant à toutes les mutations. L’approche n’est pas nouvelle pour ces chercheurs qui planchent depuis dix ans sur un vaccin universel contre la grippe. Mais crise oblige, tous les efforts sont aujourd’hui dirigés vers le Covid-19. La méthode OSIVAX se distingue de celle des vaccins actuels. Leur technologie cible une partie plus stable située à l’intérieur du virus.

Interviewée
« Vous imaginez bien comme c’est à l’intérieur du virus, ce n’est pas visible pour notre système immunitaire et donc c’est la particularité avec la technologie oligoDOM, où on arrive à entraîner le système immunitaire à reconnaître cette partie intérieure du virus qui va varier beaucoup moins. »

Voix off
Tester d’abord sur des souris. Ce vaccin pourrait entamer la phase d’essais cliniques sur les humains en fin d’année. Un projet rendu possible grâce aux 30 millions d’euros de subventions françaises et européennes. Mais pour passer à l’étape finale, Osivax pourrait, le jour venu, se tourner vers un grand laboratoire, à l’image de BioNTech, associé au géant américain Pfizer.

Interviewé
« L’écosystème du développement de vaccins et de médicaments met en symbiose les petites sociétés de biotech qui doivent être très innovantes, qui sont capables de prendre des risques, qui sont capables d’aller d’avancer très vite sur des projets très risqués. Et la big pharma, elle va savoir faire de l’innovation aussi. Mais là où elle est vraiment inattaquable et là où il y a une vraie symbiose, c’est qu’elle est capable de monter en échelle. Monter en échelle sur la fabrication avec des usines qui existent, déjà ; montés en échelle sur le développement clinique, avec des essais cliniques de dizaines de milliers de sujets ; puis montés en échelle sur la commercialisation. »

Voix off
Si la course au vaccin focalise aujourd’hui une grande partie de l’attention, la recherche sur les traitements se poursuit avec des laboratoires français bien placés. Très prometteur, le médicament de l’Institut Pasteur de Lille empêcherait toute forme grave du Covid-19. La dernière phase d’essais cliniques pourrait démarrer le mois prochain. Encore plus avancée, la molécule de la société Abivax, une biotech française. Ce traitement sous forme de comprimés jouit d’un sérieux avantage. Son efficacité contre les maladies inflammatoires digestives a déjà été prouvée.

Interviewé
« C’est encourageant parce que dans le Covid-19, il y a un emballement de l’inflammation, notamment au niveau des poumons, mais également dans d’autres organes. Est-ce que l’ABX464 sera suffisamment rapidement efficace pour freiner l’inflammation pulmonaire et diminuer les détresses respiratoires qui conduisent aux traitements de réanimation lourds et parfois au décès ? C’est toute la question de l’essai clinique. »

Voix off
D’ici au mois de mai, plus de 1 000 patients à haut risque de complications testeront ce médicament pendant 28 jours. L’espoir d’un traitement français contre le Covid-19 pourrait se concrétiser dans le courant de l’année 2021.

Caroline ROUX
Marie-Paule Kieny, vous qui avez été directrice de recherche à l’INSERM. On a des bons ?

Marie-Paule Kieny
Il y a de la bonne recherche française, il n’y a aucun problème là-dessus.
Mais le problème, c’est que il faut passer de la recherche de laboratoire, de la recherche académique à la recherche industrielle. Et là, il y a une étape que les Américains appellent « whistle translation » pour lequel, en fait, il faut traduire des idées, des concepts dans un futur produit.

Et pour cela, en fait, il faut en avoir beaucoup pour que certains marchent. C’est ça le problème. Vous avez montré Osivax, il y en a d’autres, mais il en faudrait dix fois plus parce qu’au départ, c’est comme Moderna. Au départ, c’est l’ARN messager. Là, le concept d’Osivax, c’est qu’ils n’ont pas de preuve du concept. Donc, ça va peut-être marcher et ça va être super. Ou peut-être ça ne va pas marcher. Mais quand on n’en a pas assez, on n’a pas assez de ces concepts qui peuvent être développés en France. Et donc, on a beaucoup moins de chance que d’autres pays de pouvoir avoir le pion gagnant.

Alors il ne faut quand même pas oublier non plus les grands instituts de recherche. Alors là, on nous a présenté l’Institut Pasteur de Lille. Mais il ne faut pas oublier non plus que l’Institut Pasteur de Paris a développé un vaccin qui était celui de Frédéric Tangy, qui est basé sur le virus de la rougeole. Ce vaccin a été, l’Institut Pasteur a fait affaire avec une petite société, justement une biotech qui s’appelait Thémis en Autriche déjà longtemps avant la Covid, et donc cette biotech avait tous les droits. Et pourquoi ils avaient tous les droits ? Parce qu’en fait, il n’y avait pas d’argent pour développer ce produit en France. Et maintenant d’ailleurs, cette société Thémis n’existe plus. Elle a été rachetée par le géant Merck. Donc il y a quand même un vaccin qui est issu aussi de la recherche académique française qui est en cours d’évaluation.

Caroline ROUX
Cette question, Elie Cohen, la France est-elle une nation de seconde zone en matière de recherche et développement dans le secteur médical et pharmaceutique ? On parlait tout à l’heure de cette notion de déclassement qu’on ressent dans cette question d’Olivier dans L’Aisne.

Elie COHEN
J’ai fait un travail avec Philippe Aghion sur 20 ans, j’ai essayé de voir comment avait évolué l’industrie pharmaceutique française en comparaison avec les autres industries pharmaceutiques et donc nous avons étudié à la fois l’évolution du commerce extérieur des produits pharmaceutiques. On constate un déclin continu et accéléré de la France sur les vingt dernières années. Juste pour vous donner un exemple sur les produits Covid, il y a vingt ans, on avait un excédent commercial à peu près équivalent à celui de l’Allemagne. Vingt ans après, nous, nous sommes à zéro et l’excédent commercial allemand a été multiplié par dix.

Nous avons essayé de voir en même temps comment avait évolué la production locale de produits pharmaceutiques et comment elle avait évolué également en termes d’exportations et surtout d’investissements à l’étranger. Le résultat essentiel, c’est qu’en gros, nous avons désindustrialisé en France et que nos entreprises ont plutôt préféré investir à l’étranger massivement.

Après, nous avons fait un troisième focus très vite sur l’évolution des brevets français comparés à tous les autres brevets, et on remarque que nous sommes, nous avons décroché massivement en matière de brevets dits triadiques, c’est-à-dire des brevets pris dans les trois grandes zones économiques en matière pharmaceutique et dans toutes les déclinaisons. Et le phénomène est même plus général.

Nous avons fait le même travail dans le secteur des télécoms, dans le secteur des composants, etc. Et on a le même phénomène de désindustrialisation, délocalisation et décrochage de la recherche repéré par le nombre de brevets pris.

Caroline ROUX
Et nous allons répondre à vos questions. Moi qui croyais que le système de santé français était l’un des meilleurs au monde. Jean Paul dans le Var.

Dominique SEUX
Alors il est un des meilleurs dans le monde pour les patients puisqu’il ne coûte quasiment rien aux patients. Nous avons ce qu’on appelle le reste à charge le plus faible de l’ensemble des pays de l’OCDE. Donc voilà, en termes de recherche, c’est vrai. On a beaucoup parlé ce soir. C’est vrai qu’il y a une marche qui a été descendue et c’est un vrai souci. On peut espérer quand même pour mettre une fin d’émission à un brin un peu positif, c’est qu’il y a eu une prise de conscience sur la désindustrialisation française, qui a démarré maintenant en 2012/2014. Beaucoup de choses ont été faites, il y a eu le débat fiscal, etc. Il y a peut-être quelque chose qui va remonter maintenant, mais c’est vrai que les années 2000 et 2010 ont été noires pour l’industrie française.

Caroline ROUX
Aujourd’hui 21 janvier 2021, Emmanuel Macron a annoncé 1,8 milliard d’euros en faveur de la technologie quantique. Il était à Saclay pour rencontrer des étudiants. Alors, je ne sais pas. Marie-Paule Kieny, la technologie quantique ? On en attend quoi ?

Marie-Paule Kieny
Alors on n’en attend rien pour les vaccins Covid généralement. Mais c’est très important.

Dominique SEUX
Et c’est un Français, notamment Thalès et le groupe Thalès, ce qui est très concerné.

Caroline ROUX
Comment le Groupe Sanofi justifie-t-il son retard sur le vaccin ?

Aurore Gorius
Comment il le justifie, le retard sur le vaccin ? Il ne le justifie pas vraiment. Ils sont un peu dans la panade. Ils ont expliqué qu’ils avaient un problème sur les essais et ils le justifient pas vraiment. Et là, je pense qu’ils sont quand même assez gênés de devoir envisager la possibilité de produire ou d’emballer pour d’autres laboratoires. Oui, il y a une vraie gêne de Sanofi et leur seule façon de se rattraper, c’est de sortir quelque chose avant la fin de l’année.

Donc, je pense que là, ils sont entrés dans une course et ils recommencent les essais au mois de février 2021. Donc on va voir ce que ça donne.

Caroline ROUX
Quand vous dites : sortir quelque chose avant la fin d’année 2021. Ça peut être un vaccin de type classique, mais qui sera moins cher à produire et qui pourrait être très utile dans la deuxième phase ?

Aurore Gorius
Aujourd’hui, c’est un vrai, pour Sanofi, c’est un vrai revers. Après le vaccin qui va sortir avec une technologie plus classique, avec une seule dose qui sera moins chère, pourra être très utilisée et devenir une espèce…

Dominique SEUX
Sauf que ça devient très compliqué pour eux de faire des essais. Parce que qui va accepter de prendre un vaccin dont on n’est pas sûr alors qu’il existe des vaccins dont on est sûr. Donc, il y a un petit problème de mise en route.

Caroline ROUX
Et pendant ce temps, pas de possibilité de se faire vacciner. J’ai 87 ans, c’est Annie dans le Rhône qui nous dit ça. Là, on est sur la campagne de vaccination.

Aurore Gorius
Là, on est dans un problème logistique. Clairement, aujourd’hui, un problème de comment. On voit d’ailleurs qu’il y a plein de centres de vaccination qui ferment temporairement parce que les doses ne sont pas là. Donc, on est dans un problème de logistique et il faut attendre que d’autres laboratoires puissent apporter leurs vaccins, qu’ils soient autorisés pour multiplier le nombre de doses.

Parce qu’avec seulement deux laboratoires qui produisent forcément, on est pas sûr d’avoir plus de doses. Donc là, c’est vraiment un problème logistique, d’inscription, d’amener le vaccin là où il faut l’amener, de bien l’acheminer et c’est très compliqué.

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C dans l’air @Cdanslair · 21 janv. 2021
"#Sanofi a acheté dans les derniers mois 3 sociétés biotechs. Il y a un basculement qui est l’externalisation. C’est au détriment de la recherche interne et cela se double d’une réorientation des recherches. Il lâche le diabète par exemple et se concentre sur l’oncologie". @dseux

Dominique SEUX
Oui, en fait, je me demande si on peut se demander s’il n’y a pas quand même un choix stratégique qui a été fait sur la distribution des vaccins, qui est très différent du choix allemand. En Allemagne, les Allemands vont vers le vaccin et vous avez 400 centres. Ça pose moins de problèmes logistiques. En France, on a décidé que le vaccin allait aux Français. Et donc, on a plus de 1 000 centres et donc c’est plus compliqué pour répartir les doses, etc.

Aurore Gorius
Et puis on a commencé avec les EPHAD. Par définition, on ne peut pas demander aux gens de venir au vaccin.

Caroline ROUX
Allez, on avance si vous le voulez bien, comment l’État français peut-il intervenir sur les choix de Sanofi ? Très vite, Elie Cohen.

Elie COHEN
Comme ça a été dit tout à l’heure, on se fait plaisir en disant que Sanofi est un champion français. Il se trouve que Sanofi il a été le produit de regroupement de toute une série de laboratoires et surtout, qu’il a depuis des années lancé des développements dans de nombreux pays et je dirais même sa principale base de recherche aujourd’hui est aux États-Unis.

Cette entreprise de plus de plus en plus contrôlée par des capitaux étrangers. Et donc, on se fait plaisir en pensant que c’est une entreprise française qui va obéir au doigt et à l’œil, à ce que dit monsieur le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance en se mettant à fabriquer demain des vaccins pour les autres. En fait, c’est une entreprise multinationale à base française et dont le développement est international. Et surtout, l’entreprise rappelle que les préfinancements même du vaccin Covid doivent beaucoup plus aux États-Unis qu’à la France ou à l’Europe.

Caroline ROUX
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui a justement demandé à Sanofi de s’engager sur la non-fermeture de sites de production en France si on parlait de la suppression de 400 postes de chercheurs.

Dominique SEUX
Elle est dirigée par un Britannique, Paul Hudson.

Caroline ROUX
Après la perte de l’industrie, va-t-on vers la perte des laboratoires pharmaceutiques ? Je suis obligé de me tourner vers vous Elie Cohen. Vous avez un peu répondu tout à l’heure.

Elie COHEN
Ecoutez, si on ne fait pas, si on ne fait pas une action absolument décisive pour remuscler notre industrie pharmaceutique, notre recherche pharmaceutique, notre recherche médicale et je dirais même la recherche plus fondamentale, on a vraiment décroché. Mon inquiétude, c’est est-ce que le climat général, est-ce que l’ambiance générale n’est pas aussi défavorable ? Je pense à notre allergie grandissante à tout ce qui est organismes génétiquement modifiés. Je pense au principe de précaution, je pense au temps réglementaire.

Tout ceci pose un peu problème. Mais si l’Europe décide de s’y mettre, il est possible effectivement de rebondir. Il y a un domaine dans lequel les Français ont été particulièrement sensibles, c’est quand ils n’ont plus trouvé de Doliprane. Il se trouve qu’au même moment, Sanofi était en train d’externaliser et s’apprêtait à céder son activité : Principes actifs. Il y a eu un réveil européen et un réveil national et il va y avoir une filialisation de cette activité principes actifs de Sanofi et il est question que les gouvernements européens participent et que des investisseurs européens participent à la reprise de cette activité.

Caroline ROUX
On avance les questions. Je suis obligé de vous couper la parole, Élie Cohen. Où en sont les trois programmes de recherche de l’Institut Pasteur ? Marie-Paule Kieny.

Marie-Paule Kieny
Le programme le plus avancé, c’est effectivement celui dont je parlais tout à l’heure. Développé par Frédéric Tangy avec le virus de la rougeole, alors il est en phase 1 par le géant Merck et donc on espère qu’on pourrait avoir des résultats avec lui vers la fin de l’année. Les deux autres sont beaucoup plus en amont et n’ont pas encore atteint la phase des essais cliniques.

Caroline ROUX
Je comprends que l’Europe risque de manquer de vaccins. Pourquoi ne fait pas appel aux solutions asiatiques ou russes ? Marie-Paule Kieny.

Marie-Paule Kieny
Alors les Russes produisent du vaccin, effectivement, mais ce qu’ils produisent en Russie, c’est suffisant pour immuniser la Russie et pas plus que ça. Et pour les autres, eh bien, la Russie a fait le choix de faire des négociations bilatérales pour le moment, mais ils ne sont pas pour le moment en mesure de produire suffisamment de vaccins.

Dominique SEUX
Je crois que la Hongrie qui avait commandé du vaccin russe est revenue vers le vaccin payé par l’Europe.

Caroline ROUX
Bien merci à vous tous. C’est la fin de cette émission qui sera diffusée ce soir à 20h25, je vous rappelle que vous pouvez être C dans l’air, en podcast et en replay tout de suite vous retrouvez C à vous et demain, ça sera Axel de Tarlé.


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Les Echos @LesEchos · 12 nov. 2020
Santé : l’Europe veut sa « Barda » pour anticiper les prochaines crises l’Europe veut son agence HERA à l’américaine pour anticiper les prochaines crises
Covid-19 : Vaccin français : Un échec, des questions le 21 janvier 2021.
Bruxelles a confirmé, mercredi 11 novembre 2020, sa volonté de créer une nouvelle autorité européenne en matière de santé. Celle-ci serait calquée sur le modèle de la Barda aux Etats-Unis. Son rôle : préparer les Etats membres contre de futures crises sanitaires, constituer des stocks de médicaments stratégiques mais aussi investir dans la recherche et le développement pharmaceutique. https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/sante-leurope-veut-sa-barda-pour-anticiper-les-prochaines-crises-1264142#xtor=RSS-2055
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C dans l’air @Cdanslair · 21 janv. 2021
▶ #Vaccin français : un échec et des questions
Vous pouvez retrouver cette émission #cdanslair en podcast audio sur 4 plateformes et en replay à 22.25 sur @France5tv.
#COVID19 #Covid_19 #Sanofi #vaccination #biotech
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C dans l’air @Cdanslair · 27 janv. 2021
#Vaccins "L’#Europe va vraiment avoir à se regarder elle-même en disant comment ça se fait que ça se soit passé comme ça ? Aujourd’hui le seul levier possible c’est l’argent".
L’analyse de @PhDessertine #COVID19 #Covid_19 #vaccination
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La Tribune @LaTribune · 1 févr. 2021
Londres commande à la biotech nantaise Valneva 100 millions de doses de son candidat-vaccin
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/chimie-pharmacie/londres-commande-a-la-biotech-nantaise-valneva-100-millions-de-doses-de-son-candidat-vaccin-875929.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1612168007
Bourse : +15% pour la biotech nantaise Valneva à qui Londres a commandé 100 millions de doses de son candidat-vaccin
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C dans l’air @Cdanslair · 2 févr. 2021
"Il y a peu de #vaccins en #Europe et il y a peu de personnes vaccinées. Donc pour l’instant le bilan est négatif. Mais ce qui est spectaculaire c’est que l’on arrive assez bien à identifier ce qui n’a pas fonctionné : on a commandé trop peu et trop tard. @nbouzou #COVID19 #santé
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Méthode Scientifique @lamethodeFC · 4 mars 2021
02/21 > #CoVid19 : #Sanofi va aider un autre concurrent à produire un vaccin et lance un nouvel essai via @Challenges #LaMethSci https://www.challenges.fr/economie/covid-sanofi-va-aider-un-autre-concurrent-a-produire-un-vaccin-et-lance-un-nouvel-essai_752231
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Méthode Scientifique @lamethodeFC · 4 mars 2021
En réponse à @lamethodeFC 02/21 > #CoVid19 : la réponse de #Sanofi a @SanofiFR
#LaMethSci https://www.sanofi.fr/fr/Actualites/notre-reponse-a-la-covid-19
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Nathalie Colin-Oesterlé @ncolin_oesterle · 4 mars 2021
Depuis Bruxelles, participation à la conférence "La crise #Covid19 ouvrira-t-elle la voie à la construction d’une Europe de la Santé ?" organisée par @Confront_Europe. Échanges sur la création de l’HERA, la future BARDA européenne, et sur la relocalisation des industries pharma.
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Les Echos @LesEchos 09 mars 2021
"L’une de nos grandes faiblesses, dans tous les domaines, est de pas savoir faire travailler ensemble les acteurs publics et privés." CHRONIQUE d’ @OlivierBabeau
La méfiance envers le privé est notre talon d’Achille : Dans la course aux vaccins, la France est largement perdante, malgré la présence de laboratoires et de biotechs en nombre sur notre territoire. L’une de nos grandes faiblesses, dans tous les domaines, est de pas savoir faire travailler ensemble les acteurs publics et privés. https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-la-mefiance-envers-le-prive-est-notre-talon-dachille-1296527#xtor=CS1-26
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Le Canard Enchainé - AstraZeneca - 23 mars 2021

Pour en savoir plus :

- Sanofi casse sa tirelire pour acquérir la biotech Synthorx pour 2,5 milliards de dollars le 09 décembre 2019
- Il faut tirer les conséquences de la dépendance de l’approvisionnement chinois en mars 2020
- Covid-19 : les Français font des relocalisations la priorité de l’après-crise le 13 avril 2020
- Covid-19 : Pour le « jour d’après », Jean Rottner souhaite valoriser les productions de proximité, le « Grand Est inside » le 03 avril 2020
- Covid-19 : La course pour faire renaître de ses cendres l’industrie française des masques le 04 avril 2020
- Covid-19 : faut-il relocaliser en France des usines de secteurs stratégiques ? le 05 mai 2020
- Covid-19 : Relocalisation et Made In France : utopie ou réalité économique ? le 09 mai 2020
- Covid-19 : Médicaments, industries... Relocaliser, c’est possible ? le 29 mai 2020
- Covid-19 : Vaccin français : Un échec, des questions le 21 janvier 2021.
- Covid-19 : « Je crois que d’ici à cet été nous aurons vaincu le virus » annonce Katalin Kariko le 29 janvier 2021
- Covid-19 : Partenaire de BioNTech pour le vaccin anti-Covid Pfizer, RD-Biotech investit 7 millions d’euros dans une usine d’ADN à Besançon le 18 février 2021
- Covid-19 : Merck crée 350 emplois en Alsace et investit 25 millions d’€ pour emballer les vaccins anti-Covid le 18 mars 2021