Covid-19 : Stop Covid, développer la responsabilité de chacun Faire confiance à cette application française utile pour la société.

, dans le réseau de Christelle Ayache

L’application Stop Covid devrait permettre à chaque citoyen qui le souhaite et de façon anonyme de participer à briser les chaines de contamination pour contrôler l’épidémie du Covid_19. L’appli est disponible en téléchargement le 2 juin. « Très simple d’utilisation l’application permettra d’alerter immédiatement quand, dans les derniers jours vous croiserez une personne testée positive et que vous serez resté à moins d’un mètre d’elle et pendant 15 minutes. Il faudra alors s’isoler, consulter un médecin et se faire tester. J’invite tous ceux qui me regardent et tous nos citoyens à utiliser cet outil complémentaire pour se protéger et pour protéger les autres », a indiqué le premier ministre, Edouard Philippe, le 28 mai 2020.


Acteurs de santé fait le point sur les enjeux de cette application de traçage numérique avec Laurence Devillers, Professeur en Intelligence Artificielle à Sorbonne Université/CNRS, Membre du Comité Pilote d’Éthique du Numérique*, auteure des ouvrages « La souveraineté numérique dans l’après-crise » et « Les robots émotionnels : santé, surveillance, sexualité… et l’éthique dans tout cela ? » aux éditions de l’Observatoire.

En cas de contamination, pouvoir prévenir les personnes que vous ne connaissez pas
"L’application Stop Covid va être lancée dans les régions, pilotée par les Agences régionales de santé (ARS) avec les brigades sanitaires. Les médecins vont pouvoir transmettre aux brigades sanitaires les informations concernant les personnes contaminées, elles pourront alors s’entretenir avec elles, voir qui elles ont fréquenté et prévenir les personnes concernées. C’est tout l’intérêt de l’application : vous rencontrez des tas de gens. Si vous avez le Covid_19, vous pouvez prévenir vos amis mais pas les personnes que vous ne connaissez pas."

Stop Covid permet de mémoriser toutes les personnes que vous avez rencontrées de façon anonyme
"On ne centralise pas des données de personnes, on centralise des pseudonymes qui permettent de savoir si vous avez été en contact avec quelqu’un qui a eu le Covid_19. Les données sont alors protégées. L’intervention de la brigade sanitaire qui a eu vos coordonnées par le médecin est plus intrusive puisqu’elle va s’enquérir des personnes que vous avez rencontrées de façon à les prévenir. Entre l’outil numérique parfaitement prévu pour anonymiser les données et l’intervention humaine qui va stocker les informations, il y a un besoin de vigilance."

Dilemme entre liberté et responsabilité
"Il faut rappeler que cette application est basée sur le volontariat. On ne sait pas combien de personnes vont vouloir l’utiliser. Si son fonctionnement est expliqué avec pédagogie, les personnes vont adhérer, de même que si elles se sentent responsables pour éviter la transmission du virus. Il est toutefois assez sain de penser qu’il y a un dilemme entre liberté et responsabilité. La fin de ma liberté, c’est aussi le début de la liberté des autres."

Développer des solutions souveraines en France et en Europe pour éviter d’être toujours dépendants des GAFAM pour la santé
"Que l’on développe une application en France avec un protocole qui avait été pensé en Europe est un bon tremplin, surtout si elle fonctionne et montre une certaine utilité pour toute future épidémie. Le retour sur expérience devrait être extrêmement intéressant.
Avoir fait ce système en France va permettre de l’auditer, de l’évaluer et de vérifier son efficacité. Ce n’est pas l’état souverain qui va gérer le tout, mais c’est un ensemble de responsables de la société qui vont être aux manettes."

Protéger les autres et les personnes fragiles en cas d’épidémie
"Je dirais aux Français qui ont l’habitude de donner leurs données sans s’en rendre compte - géolocalisation via les smartphones, propositions commerciales via Google Home - d’adhérer à cette application et de faire cet effort pour protéger leurs enfants, leurs parents âgées à risques importants, et aussi les autres. Plus nous serons nombreux à utiliser cette application, plus vite nous sortirons de cette pandémie."

Faire confiance à cette application française utile pour la société
"Pourquoi faire confiance aux GAFAM et pas au gouvernement Français et à cette application utile pour la société ? Notre liberté, c’est aussi d’être responsable pour la société. Il faut toujours faire attention aux libertés de chacun, bien sûr il va falloir trouver les bons garde-fous, le bon contrôle et ne pas laisser l’état gérer seul ce système. C’est un vrai sujet politique. Qui, demain, va faire les systèmes dont nous serons dépendants pour la santé, l’éducation ou encore l’énergie ? J’espère que cette pandémie va secouer les consciences de façon à ce que nous reprenions en main nos différents systèmes numériques."

*En savoir plus : Bulletin sur les Enjeux d’éthique concernant des outils numériques pour le déconfinement https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/a_la_une/cnpen-ethique-numerique-deconfinement-2020-05-14.pdf
Commander l’ouvrage : https://www.placedeslibraires.fr/ebook/9791032915769-et-apres-6-la-souverainete-numerique-dans-l-apres-crise-laurence-devillers/

Laurence DEVILLERS, Professeur en Intelligence Artificielle à Sorbonne Université/CNRS, Membre du Comité Pilote d’Éthique du Numérique

Publié par Gaël de Vaumas le 01 juin 2020 - Source Press Tv News - Publication Acteurs de Santé Tv https://www.acteursdesante.fr/


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