Covid-19 : La French Tech réunionnaise lance sa propre application de pistage numérique, Ansamb Si le déploiement complet d’Ansamb est une réussite, l’application pourra peut-être inspirer StopCovid qui a du mal à décoller.

, dans le réseau de Elodie Royer

Un collectif d’entrepreneurs réunionnais et Medialight ont conçu une application de contact tracing qui devrait être déployée cette semaine, soit quelques jours avant le déconfinement. Baptisé "Ansamb", cet outil a un fonctionnement très proche de celui de l’application StopCovid avec un enregistrement des interactions sociales via le Bluetooth, avec le même objectif : détecter les chaînes de transmission du coronavirus SARS-CoV-2. Si le déploiement complet d’Ansamb est une réussite, l’application pourra peut-être inspirer StopCovid qui a du mal à décoller.


Le collectif "Mouvement Solidaire des Entrepreneurs Réunionnais" – formé par le groupe Chane Pane, Excellence et Solynvest – et l’entreprise de Services du Numérique Medialight ont élaboré l’application de pistage "Ansamb". Son objectif est de détecter les chaînes de transmission du virus grâce au Bluetooth dans ce département français aux 859 959 habitants.

"Ce n’est pas une solution miracle. Il s’agit d’aplatir la courbe de cette pandémie en réduisant le R0 c’est-à-dire le taux de contamination qui va remonter suite au déconfinement", résume Alfred Chane Pane, Directeur du Groupe Chane Pane à la Réunion et cofondateur de cette solution, interrogé par L’Usine Digitale. L’application sera disponible gratuitement sur Android et iOS dans la semaine du 4 mai 2020.

Une initiative privée et publique

"Dès le début du confinement, je me suis dit que nous allions devoir trouver des solutions pérennes pour relancer l’économie", raconte Alfred Chane Pane. Il décide alors de rassembler des acteurs de la French Tech réunionnaise à partir du 22 mars 2020 pour construire une application. "Nous avons levé des fonds grâce au collectif et reçu un financement du ministère des Outre-mer à hauteur de 50%", poursuit-il.

Le fonctionnement de cet outil est très proche de celui de StopCovid, l’application gouvernementale en cours de développement. Lors d’un contact rapproché entre deux utilisateurs d’Ansamb, l’application va enregistrer cette interaction. Si l’une des personnes est ensuite testée positive au Covid-19, elle peut décider de transmettre la liste des "crypto-identifiants" des applications qu’il a croisées. Cet envoi est déclenché volontairement par l’utilisateur autorisé par un professionnel de santé. L’autre utilisateur va recevoir une notification lui indiquant qu’il a été exposé au virus. "La personne qui reçoit une alerte va pouvoir adapter son comportement social c’est-à-dire renforcer les gestes barrières comme le port du masque voire une mise en quarantaine", précise Alfred Chane Pane.

"Nous avons déjà fait un test in situ dans un supermarché avec nos salariés où ils ont réellement fait leurs courses avec le téléphone dans la poche, indique Philippe Arnaud-Marquier, directeur général de Medialight, à L’Usine Digitale. "Les tests ont été concluants", affirme-t-il.

Même protocole que StopCovid

L’application utilise le protocole de communication Robert développé par l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), soit le même que celui de StopCovid. Mais il se différencie de l’application gouvernementale car il repose sur une API de marketing de proximité, Google Nearby. "Cette brique technologique permet de contourner les limitations connues du Bluetooth dans la détection de proximité en l’englobant dans un package de fiabilisation cumulant Bluetooth, ultra-sons et connexion Internet en fonction du canal qui passe le mieux", explique Philippe Arnaud-Marquier. L’autre intérêt de Google Nearby est que l’API a été conçue dès le départ pour Android et iOS, supprimant ainsi les problèmes d’interopérabilité entre les deux écosystèmes de smartphone.

"Nous avons fait un énorme travail sur la protection des données personnelles", se félicite Philippe Arnaud-Marquier. Le cabinet d’affaire Fidal a été consulté ainsi qu’un cabinet indépendant spécialisé en cybersécurité. Ces analyses ont été circonscrites dans une étude d’impact remise à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) comme le prévoit la législation en vigueur. "La procédure permet de déployer l’application sans attendre l’avis", explique Philippe Arnaud-Marquier. Le retour du gendarme de la vie privée conditionnera tout de même le fonctionnement d’Ansamb dans le cas où il émettrait des interrogations sur l’un de ses aspects.

Inspirer StopCovid ?

Si le déploiement complet d’Ansamb est une réussite, l’application pourra peut-être inspirer StopCovid qui a du mal à décoller. Avec 80% d’habitants équipés en smartphone, La Réunion semble être un terrain propice au test de solutions de contact tracing. Et Ansamb n’est pas voué à s’appliquer seulement à cette île. "La Polynésie nous a déjà contactés pour voir comment ils pourraient l’implémenter chez eux", confie le directeur général de Medialight.

Alice Vitard

Publié par Alice Vitard le lundi 04 mai 2020 sur https://www.usine-digitale.fr


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