Intervenants
Didier GÉNEAU, Délégué Général de France Biotech (modération)
Fabien PAGNIEZ, CEO de Mdoloris Medical System
Revital RATTENBACH, CEO de 4P Pharma
Marc JULIEN, Co-CEO de Diabeloop
Philippe AUVRAY, CEO de Neurallys
« La France compte plus de 1500 startups dans le domaine de la santé, dont environ 700 biotechs/medtechs. Un tiers de ces startups se trouve à Paris, et les deux-tiers en régions » – Didier Géneau, Délégué Général de France Biotech
Délégué général de France Biotech, association des entrepreneurs français en sciences de la vie, Didier Géneau a souligné en préambule les 5 atouts clés de l’écosystème français. « D’abord, la French Tech, qui entretient une forte dynamique entrepreneuriale ; ensuite des soins de haute qualité, via la recherche et les progrès de la médecine ; mais aussi une place financière dynamique (Euronext), l’excellence scientifique et un large soutien des acteurs publics et territoriaux. Nous sommes notamment très aidés pour la création de startups », résume-t-il, avant de solliciter l’expérience des entrepreneurs participant à l’atelier. « Nos intervenants ont tous commencé en régions, et il est très intéressant de savoir comment a évolué leur entreprise : ce qui a bien et moins bien fonctionné dans leur environnement, quelles sont les perspectives. Peut-on devenir un géant de la santé en région ? » , interroge le modérateur.
« Nous levons trois à cinq fois plus de fonds aux États-Unis qu’en Europe, parce que les investisseurs là-bas sont habitués à financer le risque, les quatre à six ans de parcours d’obstacle, depuis les essais précliniques jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché » – Fabien Pagniez, CEO de Mdoloris Medical Systems
Pour Revital Rattenbach, co-fondatrice et CEO de 4P-Pharma, biotech lilloise spécialisée dans la recherche pré-clinique de candidats médicaments, l’écosystème régional est désormais assez dense et structuré pour permettre aux jeunes pousses de s’épanouir. « Nous sommes installés sur le Campus de l’Institut Pasteur, à Lille, où nous avons accès à des laboratoires de pointe, qu’une startup de 8 personnes comme la nôtre ne pourrait évidemment acquérir. C’est un avantage considérable », explique-t-elle. Même configuration favorable pour la jeune entreprise Diabeloop, inventrice d’un système novateur d’administration et de gestion du traitement anti-diabète, qui a pu prendre son envol à Grenoble depuis les locaux et les laboratoires du CEA.
« Peu importe la région d’implantation. Il faut avant tout une belle idée et un beau développement à l’international » – Revital Rattenbach, CEO de 4P Pharma
Outre les infrastructures, c’est bien sûr l’activation de partenariats avec de grands acteurs reconnus qui, tout particulièrement dans le domaine de la santé, revêt une importance décisive pour l’expérimentation et le développement de nouvelles solutions. Émanation du CHRU de Lille, la startup Mdoloris Medical Systems, fondée en 2010, développe des technologies pour évaluer la douleur, le stress et le confort ressentis par les patients. Elle a pu, dans une première phase, solliciter le réseau des CHU pour tester en grandeur nature ses appareils de monitorage de la douleur, avant de s’imposer parmi les leaders mondiaux sur ce marché naissant. Diabeloop a également su s’appuyer sur le système médical et hospitalier français. « Nous avons conduit les essais cliniques en partenariat avec 12 CHU régionaux, qui nous ont apporté toute leur expertise et leur rigueur dans le choix et le suivi des patients », observe Marc Julien, le CEO de Diabeloop.
Au delà de grands partenaires, les Health Techs hexagonales bénéficient de l’effet d’entraînement créé par les clusters et pôles de compétitivité régionaux. « A Lille, le cluster EuraSanté est un formidable accélérateur de développement et de visibilité, avec 170 entreprises, 8 hôpitaux, 4 universités et 50 laboratoires réunis sur 300 hectares », relève Revital Rattenbach.
« Diabeloop compte 50 salariés, dont une trentaine à Grenoble. Nous nous sommes implantés dans le bassin grenoblois pour plusieurs raisons : un partenariat fort avec le CEA, et un écosystème très favorable, avec le CHU, un tissu dynamique de startups medtech, des structures d’accompagnement, d’excellentes écoles et universités d’ingénieurs, de médecine, de mathématiques…Tout est réuni, y compris le cadre de vie ! » – Marc Julien, Co-CEO de Diabeloop
A Caen, la confluence du CHU, du pôle universitaire et des écoles d’ingénieurs, d’incubateurs et de programmes de pointe comme Archade (hadronthérapie) crée également un terreau fertile pour l’éclosion de jeunes pousses biotech. « Vous avez aussi une CCI très réactive, dans un rôle de facilitateur, et tous les acteurs régionaux, la Normandie développant une filière d’excellence en santé », précise Philippe Auvray, CEO de Neurallys, qui conçoit des dispositifs médicaux miniatures pour la neurologie et la neurochirurgie. Quant à la levée de fonds et au capital risque, nerf de la guerre, les intervenants soulignent le rôle très actif de Bpifrance et des régions, malgré les contraintes réglementaires et techniques pesant sur le financement des jeunes entreprises « medtech » et « biotech ». « C’est un avantage qui reste à Paris : les investisseurs institutionnels et privés y disposent de plus d’expertise et d’expérience dans l’ingénierie du financement de la health tech, dont le rythme se cale sur l’évolution des phases d’essais cliniques », remarquent Marc Julien et Philippe Auvray.
« Nous bénéficions d’un soutien actif de la part des acteurs locaux et régionaux, et au niveau de national de Bpifrance. Cela nous a permis notamment d’embaucher localement, à Caen » – Philippe Auvray, CEO de Neurallys
Le Graal, en matière de financement, reste le capital d’amorçage made in USA, une mécanique bien réglée qui fait rapidement monter en puissance les plus prometteuses des « health techs ». « Nous travaillons depuis huit ans avec les États-Unis. Nous y levons trois à cinq fois plus de fonds qu’en Europe, parce que les investisseurs là-bas sont habitués à financer le risque, les quatre à six ans de parcours d’obstacle, depuis les essais précliniques jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché », explique Fabien Pagniez, le CEO de Mdoloris.
Aucune contre-indication, bien sûr, à l’émergence en région d’un « Google de la santé » : les startups sont habituées, dès leur naissance, à ne pas considérer d’autres frontières que celles de leur marché, à aller chercher clients et financements partout dans le monde. « Peu importe la région. Il faut une belle idée et un beau développement à l’international », conclut Revital Rattenbach.
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